Opinion
Publié aujourd’hui à 08h12
MAURANE DI MATTEO
Vandœuvres, 28 février
L’Office fédéral de la statistique est plein de fonctionnaires et d’employés qui, du matin au soir, font plein de statistiques. Grâce à eux, on peut tout savoir sur le nombre de fois où vous êtes entré dans un musée en 2018, sur les nuits que vous avez passées dans un lieu touristique en 2019 ou sur la préférence que vous avez accordée en 2020 à la pilule ou au préservatif. Alors forcément, une fois ou l’autre, l’enquête tombe sur vous.
C’est ainsi que mon nom vient d’avoir la chance d’être tiré au sort pour une enquête sur «mobilité et transports», ce qui m’a valu une agréable conversation téléphonique de 45 minutes. Le but, à ce que j’ai compris, est de mieux rencontrer les attentes de la population en vue de réaménager le réseau des transports. Rien de plus civique que de répondre aux questions, même s’il faut nourrir l’ordinateur de l’Office fédéral avec une précision chronométrique et millimétrique.
Notre très sérieux Office fédéral veut tout savoir sur la mobilité des Genevois mais il n’a pas encore entendu parler du CEVA ni des quelques petites modifications que le réseau TPG a connues depuis 2019.
À quelle heure exactement avez-vous pris le bus hier matin? Pour quelle destination? À quelle heure le tram vous a-t-il ensuite laissé à la place Neuve? Combien de mètres avez-vous marché? En combien de temps? À chaque réponse, il fallait préciser, parce que l’ordinateur fédéral ne comprenait pas tout du premier coup.
Pour mon malheur, il se trouve que j’ai ensuite repris le tram pour l’arrêt qui porte le nom poétique de «Genève-Eaux-Vives-Gare». Je n’aurais pas dû. «C’est bien la gare de Genève-Cornavin?» me demande mon sympathique enquêteur. «Non, c’est la gare des Eaux-Vives.» Destination inconnue au bataillon des arrêts des transports publics. Quand il a ensuite fallu expliquer que j’ai repris le bus à l’arrêt qui porte le nom doublement poétique de «Genève-Eaux-Vives-Gare-Vadier», panique générale à bord. «Ça n’existe pas, vous n’avez pas un autre nom?»
Bref, je crois bien que si j’avais prévu cet embrouillamini, j’aurais préféré aller à pied. On peut en conclure que notre très sérieux Office fédéral veut tout savoir sur la mobilité des Genevois mais qu’il n’a pas encore entendu parler du CEVA ni des quelques petites modifications que le réseau TPG a connues depuis 2019. Pourrait-on lui suggérer une statistique sur la proportion des statistiques stupides réalisées par l’Office fédéral de la statistique?
Michel Grandjean