Terroir vaudoisLe Servagnin de Morges retrouve son bercail thononais
Offert il y a 600 ans par Marie de Bourgogne, le cépage phare du lieu de production a été rendu à son fief d’origine lors d’une traversée du Léman pleine de symboles.
Les vignerons de Morges ont embarqué dans «La Vaudoise» pour rendre aux autorités de Thonon les plants de Servagnin offert par Marie de Bourgogne il y a plus de 600 ans.
JOURNALDEMORGES/FRANCOIS MOESCHING
Au moment de lancer leur anniversaire en 2020, les promoteurs des 600 ans du Servagnin – le cépage roi du vignoble morgien – n’imaginaient pas que le thème retenu de l’Odyssée allait se révéler plus vrai que nature.
Covid-19 oblige, il a fallu en effet trois ans pour rallier Thonon, ce vendredi, afin de «rendre» à la Haute-Savoie les plants de ce vieux pinot noir offerts en 1420 par Marie de Bourgogne, reconnaissante de l’accueil reçu à Saint-Prex alors que la peste faisait rage chez elle et qu’elle avait trouvé refuge dans le village lacustre pour donner naissance à sa fille.
Délégation enjouée
Emmenée par l’œnologue Raoul Cruchon et renforcée par la conseille nationale Jacqueline de Quattro, la délégation morgienne a embarqué dans la fameuse Vaudoise pour traverser le Léman et faire de cet événement symbolique une fête à la gloire du vin vaudois – préfet, gouverneur du Guillon et musiciens ayant enfilé leurs tenues d’apparat pour l’occasion.
«Le Servagnin a vocation à jeter des ponts entre la Savoie et la Romandie», a scandé Raoul Cruchon de manière théâtrale et amicalement peu protocolaire à l’adresse des officiels français. «Nous serions bien inspirés de renouer avec ces échanges, car le lac contribue à la communion de nos peuples. Et si nous partageons la même eau du Léman, il serait légitime de partager le même vin.»
La châtelaine du château de Ripaille, à Thonon, Paule Necker, va veiller sur les plants de Servagnin remis par Raoul Cruchon et la délégation des Vins de Morges.
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«Si nous partageons la même eau du Léman, il serait légitime de partager le même vin.»
Raoul Cruchon, poète du vignoble morgien
Reçus au son des hymnes nationaux des deux pays, les producteurs morgiens ont donc ramené quelques plants ressuscités dans les années 90 pour les confier aux bons soins du Domaine de Ripaille, lequel en assurera désormais la garde, le château ayant la vue sur son homologue de Morges. «Nous vous remercions de faire vivre ces relations entre nous dans la bonne humeur vaudoise qui est communicative», a répliqué le maire de Thonon Christophe Arminjon, en complétant plus sérieusement qu’il serait utile «d’envisager la suite de nos échanges et cultiver davantage notre histoire commune autour d’un verre de vin de manière plus régulière».
Talents extraordinaires
Présentée comme la représentante des autorités fédérales, la conseillère nationale Jacqueline de Quattro s’est mise au diapason des dialogues. «Si l’on excepte la victoire de la Suisse contre la France; nos relations sont très bonnes. Notre région, des deux côtés du lac, recèle de talents extraordinaires qui savent extraire l’excellence des produits les plus simples puisqu’ils poussent de la terre, ce qui fait d’eux des ambassadeurs de notre tourisme.»
Un banquet «de sorte» a suivi ces échanges chaleureux entre deux rivages qui peinent à entretenir des relations malgré la distance très courte qui les séparent, l’idée étant évidemment de profiter de l’aura toujours plus grande du Servagnin pour assurer la promotion des crus morgiens dans leur ensemble dans un milieu où la concurrence est très vive, qu’elle vienne des vignobles voisins ou, plus encore, de l’étranger.
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