Switzerland
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Roland-Garros 2023: «Vous devriez demander à ces athlètes qui ils veulent voir gagner la guerre»

Roland-Garros 2023«Vous devriez demander à ces athlètes qui ils veulent voir gagner la guerre»

Le duel entre la Biélorusse Aryna Sabalenka et l’Ukrainienne Marta Kostyuk s’est terminé sous les sifflets et dans la confusion, dimanche. Les conférences de presse ont aussi été animées.

Marta Kostyuk, à droite, a été serrer directement la main de l’arbitre. Et pas celle d’Aryna Sabalenka.

Marta Kostyuk, à droite, a été serrer directement la main de l’arbitre. Et pas celle d’Aryna Sabalenka.

Getty Images

Ce fut une question très longue mais surtout passionnée. Une journaliste ukrainienne a empoigné un micro et lancé à la Biélorusse Aryna Sabalenka, dimanche, après son succès (6-3 6-2) contre l’Ukrainienne Marta Kostyuk.

«Après ce Roland-Garros, tu pourrais devenir No 1 mondiale. Tu dois être un modèle. Quel est ton message pour le monde? Parce que la situation avec les athlètes ukrainiens montre que vous déformez un peu les choses, comme s’ils vous détestaient. Mais ils n’ont jamais dit ça. La seule chose qu’ils veulent savoir, c’est si vous condamnez ou si soutenez la guerre. C’est la seule chose qu’ils veulent entendre. Vous évitez la question. Vous donnez des réponses différentes. Vous dites que c’est de la politique, même si les missiles lancés depuis la Biélorussie ne choisissent pas s’ils frappent un politicien ou d’un joueur de tennis.»

À cet instant, on pouvait lire la stupeur dans les yeux d’Aryna Sabalenka. La Biélorusse a d’abord voulu rectifier les choses. «Je n’ai jamais dit qu’ils me détestaient». «Si vous l’avez fait plusieurs fois», lui a rétorqué la journaliste. «Non mais écoutez. Lorsqu’on me pose une question sur l’Ukraine, sur le fait qu’on ne m’aime pas, je réponds que s’ils me détestent – elle avait effectivement employé le conditionnel vendredi lors du Media Day –, cela ne me fait ni chaud ni froid. Je l’ai dit à maintes reprises. Personne, aucun athlète russe ou biélorusse, ne soutient la guerre. Personne. Comment cela pourrait-il en être autrement? N’importe quelle personne normale ne le ferait pas. Et si on pouvait avoir un impact, si on pouvait arrêter la guerre, on le ferait. Malheureusement, ce n’est pas entre nos mains.»

«Je pense que vous devriez changer la façon de poser vos questions»

Marta Kostyuk, joueuse ukrainienne

Une vingtaine de minutes plus tard, il n’y avait plus une chaise de libre dans la salle de conférence de presse No 2 au moment où Marta Kostyuk a fait son apparition, toute pimpante à la sortie de la douche.

Un confrère britannique lui a rapporté les dires de Sabalenka, qu’elle ne «respecte pas». Et l’Ukrainienne de 20 ans avait une suggestion à faire à l’assemblée de journalistes. «Elle n’a jamais dit que, personnellement, elle ne soutenait pas la guerre. Je pense que vous devriez changer la façon de poser vos questions. La guerre est déjà là, elle a commencé depuis quinze mois. Vous devriez demander à ces athlètes qui ils veulent voir gagner la guerre. Je ne suis pas sûr qu’ils répondent l’Ukraine. Si vous me le demandez à moi, je vais vous répondre l’Ukraine, bien sûr, je ne sais pas quand, mais c’est la fin que je souhaite. Eux, je ne suis pas si sûre. Je pense qu’elle devrait parler en son nom, aux autres athlètes. J’en connais qui supportent la guerre. Dire que personne ne le fait, c’est trop, tu ne peux pas parler au nom de tout le monde.»

À la fin de la rencontre dimanche, Marta Kostyuk a été directement serrer la main de l’arbitre, pas celle de Aryna Sabalenka – c’était prévu. Sur le moment, quelques sifflets sont descendus des tribunes du Central. La Biélorusse a cru qu’ils lui étaient destinés alors elle a fait une révérence, teintée d’ironie, avant de comprendre. «Désolé, j’ai cru que les huées étaient pour moi», a-t-elle lancé aux spectateurs. J’étais un peu surprise, mais après j’ai ressenti votre soutien. Donc merci beaucoup, c’est très important pour moi. C’était un match très dur émotionnellement».

Jérémy Santallo est journaliste au Sport-Center depuis 2018. Spécialiste de basket et de tennis, il s'est rendu trois fois à Roland-Garros et à deux reprises à Wimbledon.Plus d'infos@jeremy_santallo

Vous avez trouvé une erreur? Merci de nous la signaler.