Switzerland
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Réseaux sociaux: Supersero brise les tabous autour du VIH

Réseaux sociauxSupersero brise les tabous autour du VIH

Nicolas Aragona milite contre la discrimination et la stigmatisation des personnes vivant avec le virus. Avec un style percutant.

Nicolas Aragon a contracté le virus il y a une dizaine d’années.

Nicolas Aragon a contracté le virus il y a une dizaine d’années.

DR

À côté du lexique policé de la prévention autour du VIH, Nicolas Aragona détonne. Et cela commence par son pseudo sur les réseaux sociaux où il cumule pas loin de 100‘000 abonnés: Supersero. Dans ses vidéos, le Niçois de 33 ans évoque sans tabou le virus qu’il a contracté il y a une dizaine d’années.

Sexe, partouze, drogue, traitements, discrimination… Supersero appelle les choses par leur nom. Souvent drôle, parfois cru, jamais moralisateur. «Sur le VIH, hormis de la prévention, il n’y a pas grand-chose. Quelquefois, c’est stigmatisant, culpabilisant. Il y a peu de place pour la discussion. On présente le comportement à avoir, celui qu’il faut éviter», explique l’architecte à la ville, qui sera à Lausanne ce week-end pour en parler.

Réseaux à double tranchant

Le dimanche 4 juin, dans le cadre des Mystères de l’UNIL, il partagera la scène avec David Jackson-Perry, coordinateur des projets VIH au Service des maladies infectieuses du CHUV. L’occasion, pour Supersero de rappeler à son auditoire – ou de lui apprendre – que le VIH ne se transmet pas, que des traitements existent.

Porte-parole d’une population qu’on entend peu, Nicolas Aragona se bat pour la visibilité des séropositifs. «Il y a une forte sérophobie dans la société. Régulièrement je reçois des insultes, des menaces de mort.»

À Lausanne, David Jackson-Perry admire les efforts de Supersero pour faire changer les regards sur le virus. Le Positive Life Festival, année d’actions et d’événements culturels et scientifiques organisée par le CUV, vise le même but.

À l’entendre, des efforts sont encore nécessaires pour tordre le cou à des préjugés qui ont la vie dure. «Beaucoup de gens, en apprenant qu’ils ont contracté le VIH, sont anéantis. Ils pensent au film Philadelphia, à ses images dramatiques, et pensent au pire. C’est très concret: en Suisse, le taux de suicide de personnes atteintes de VIH est trois fois supérieur à celui de ceux qui ne l’ont pas contracté.»

Le VIH n’est pas le sida

David Jackson-Perry reprend son bâton de pèlerin. «D’un côté, il y a le VIH médical. Avec un ou deux comprimés par jour, il se vit très bien. Grâce au traitement, ceux qui en souffrent ont la même espérance de vie que les autres et ne transmettent pas le virus. Le vrai problème, qui engendre la solitude et la peur, c’est le VIH social. Au CHUV, on le constate régulièrement», rappelle le spécialiste, qui tient à rectifier une erreur trop souvent commise: le VIH et le sida sont des choses très différentes.

«Le VIH, qui concerne 17’000 personnes en Suisse, est un virus, qui se traite et avec lequel on vit une vie presque normale. Le sida est un syndrome qui se développe s’il n’y a pas de traitement. En Suisse, cela concerne une infime poignée de personnes.»

Parler VIH sur les réseaux sociaux, dimanche 4 juin, 14 h 15-15 h, conférence de Nicolas Aragona et David Jackson-Perry. Inscriptions: www.mysteres.ch

Emmanuel Borloz est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2011. Titulaire d'un Master en Lettres et Sciences politiques de l'Université de Lausanne, il est passé par le quotidien La Côte, où il dirigeait les rédactions de Morges et de Rolle. Depuis le 1er août 2022, il co-dirige la rubrique «Vaud & Régions» de 24 heures. Plus d'infos@ManuDeepBlue

Vous avez trouvé une erreur? Merci de nous la signaler.