Switzerland
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Nouvelle maison d’édition romande: La Veilleuse, au chevet des mots

Nouvelle maison d’édition romandeLa Veilleuse, au chevet des mots

Florence Schluchter Robins et Arthur Billerey publieront essentiellement des autrices et auteurs d’ici. Deux très beaux titres sont déjà parus.

Florence Schluchter Robins et Arthur Billerey dans les bureaux de La Veilleuse à Renens.

Florence Schluchter Robins et Arthur Billerey dans les bureaux de La Veilleuse à Renens.

CHRISTIAN BRUN

«En activité réduite, comme une petite lampe allumée en permanence, La Veilleuse s’engage à faire découvrir des façons inédites d’appréhender, de narrer, ou d’écrire le monde.»|Cette attention aux mots, Florence Schluchter Robins et Arthur Billerey la développent depuis un atelier de sérigraphie de Renens où ils viennent d’installer leur maison d’édition. Leur regard, sans être exclusif, se tourne en priorité vers la littérature d’ici, qu’ils connaissent bien puisqu’ils œuvrent dans le milieu éditorial romand depuis un bout de temps. Si la structure est jeune, les compétences sont solides.

Rien ne les prédestinait à veiller sur la littérature romande. Née à Berne, élevée en Nouvelle-Zélande, Florence Schluchter Robins a grandi en anglais, mais aussi avec la littérature française, transmise par son grand-père. De retour en Suisse, elle découvre Ramuz, Agota Kristof ou Alice Rivaz lors de son apprentissage de libraire à Neuchâtel. «J’ai retrouvé en Suisse romande cette écriture généreuse qui me touche dans la littérature anglophone, mais aussi un goût pour les choses simples et pour la nature.»

Fructueux hasard

Le Français Arthur Billerey doit son arrivée en Suisse à une virée dans une brocante villageoise de Franche-Comté: master dans les métiers de l’édition et de la diffusion en poche, il découvre dans cette foire annuelle «Le syndrome de la tête qui tombe» de la Vaudoise Marie-Jeanne Urech. Conquis, il contacte la maison d’édition pour proposer ses services. C’est à Vevey, aux Éditions de l’Aire. Il restera cinq ans, poursuivra avec les Éditions d’En Bas à Lausanne, co-fondant en parallèle la revue littéraire «La cinquième saison», soumettant aussi à ses heures perdues les auteurs d’ici et d’ailleurs à l’intimiste et décalé «Questionnaire de Trousp».

Une vivacité incroyable

«J’ai trouvé dans la littérature romande une vivacité incroyable. Je n’ai jamais compris pourquoi on ne connaissait pas mieux ces auteurs», relève Arthur Billerey. Aussi poète, le trentenaire assure qu’«il n’y aura évidemment aucun livre de moi dans notre maison».

Lorsqu’ils se rencontrent, Florence et Arthur se découvrent une même conception du métier, où l’on accompagne les auteurs en amont et après la publication du livre. La jeune quadragénaire s’est d’ailleurs forgé une réputation d’accoucheuse de textes, notamment à L’Âge d’homme et en indépendante: «Je souhaite donner aux autrices et auteurs les moyens d’aller au bout de leurs envies, leur permettre de sortir leurs tripes.» Avec parfois des modifications importantes, qui peuvent toucher le rythme, le style, le point de vue, les personnages. «Mais si nous avons l’impression qu’il y aura trop à changer, nous n’acceptons pas le texte», précisent-ils. Car les places sont chères: 15 titres par an. «C’est notre nombre maximal pour pouvoir assurer un bon suivi des livres publiés».

Les deux premiers titres parus (lire l’encadré), illustrent cette exigence, mais aussi le soin porté au livre, de la couverture confiée à des artistes jusqu’au papier, en passant par la mise en page et la correction sous-traitée à des pros. «Avec nos formations respectives, nous pourrions tout assurer jusqu’à ce que l’ouvrage parte à l’imprimerie, mais l’idée est de faire vivre toute la chaîne du livre», relève le duo.

Révéler le texte

L’écrivain et journaliste vaudois Julien Burri sortira son nouveau livre à La Veilleuse en décembre. Il apprécie énormément cette implication éditoriale: «Il y a un grand travail pour révéler le texte. Pour ma part, j’ai vraiment besoin de ce dialogue. Cela me permet d’aller beaucoup plus loin dans ce que j’écris, car j’ai l’assurance que j’avance avec justesse.»

Autre titre à paraître, le deuxième roman d’Odile Cornuz après le remarqué «Fusil», déjà porté par Arthur Billerey, alors aux Éditions d’En Bas. La Vaudoise salue «l’expérience et la fraîcheur» du duo: «J’ai été enthousiasmée par leur projet, qui est cohérent et réfléchi, et j’ai aimé le fait qu’ils se lancent. C’est courageux.»

Un an sans salaire

Courageux, oui, mais pas hasardeux selon les premiers concernés: «Les auteurs qui nous ont fait confiance nous portent. Par ailleurs nous avons eu de bons soutiens financiers pour les deux premiers titres, c’est une grande chance lorsqu’on démarre.» Cette année cependant, le binôme œuvrera bénévolement, chacun tirant ses revenus d’un travail à temps partiel exercé en parallèle.

La paire peut aussi compter sur un comité de lecture de neuf personnes aux compétences affûtées. Deux d’entre elles seront plus spécifiquement chargées des traductions. Un volet qui leur tient à cœur. Les livres de poche ne sont pas oubliés avec un volume cette année: la réédition de «Peter und so weiter», d’Alexandre Lecoultre paru initialement à L’Âge d’homme, et Prix suisse de littérature en 2021.

Enfin, Arthur Billerey imagine de nouvelles manières de présenter les livres aujourd’hui. Cela passe déjà par des podcasts très soignés, mais d’autres idées se bousculent dans sa tête…

Fabienne Bogádi et Maxence Marchand seront en dédicace chez Payot à Lausanne le je 14 septembre dès 17h. Par ailleurs la maison le vernissage officiel des Éditions La Veilleuse aura lieu lors de Lire à Lausanne, sa 23 septembre au Caveau de la Louve ( 16h 18h, Place de la Louve 1 à Lausanne).
Infos:
https://editionslaveilleuse.ch/

Caroline Rieder est journaliste à la rubrique culture-société depuis 2013. Elle s'occupe en particulier de la littérature romande, mais se penche aussi avec intérêt sur la littérature jeunesse, et divers sujets culturels et sociétaux. Plus d'infos@caroline_rieder

Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.