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Mes bons plans: De Monteverdi à Stockhausen et Led Zeppelin: une diagonale de fou

Mes bons plansDe Monteverdi à Stockhausen et Led Zeppelin: une diagonale de fou

Un grand voyage s’offre aux mélomanes, qui passe par le rock symphonique, l’opéra de la Renaissance et par pièces du XXe siècle et d’aujourd’hui.

Robert Plant (à gauche) avec Jimmy Page lors d’un concert de Led Zeppelin à Chicago en 1977.

Robert Plant (à gauche) avec Jimmy Page lors d’un concert de Led Zeppelin à Chicago en 1977.

DR

C’est un mois court traversé cependant par une longue histoire musicale. En plaçant le tout sur la ligne du temps, on ferait face à un grand écart de styles et d’époques, menant de Monteverdi au rock de Led Zeppelin, version symphonique. Il nous ferait passer aussi par Bach et ses enfants, tout en touchant l’allemand Karlheinz Stockhausen. Février à Genève offre cela, un tour gourmand, d’une richesse insensée, qui assouvit les goûts et les envies des amateurs d’art lyrique, des «baroqueux» ou de ceux qui ne jurent que par la création contemporaine. Regardons de plus près.

Retour dans sa patrie

Le violoniste et chef d’orchestre Fabio Biondi dirige Monteverdi au Grand Théâtre

Le violoniste et chef d’orchestre Fabio Biondi dirige Monteverdi au Grand Théâtre

NAÏVE RECORDS

Durant plus de deux siècles, on a cru cette œuvre perdue à jamais. Il aura fallu la découverte d’un manuscrit anonyme, à Vienne, en 1880, pour comprendre que «Il ritorno d’Ulisse in patria» (1640) de Claudio Monteverdi était là, dans ces partitions jaunies et couvertes de poussière. Ce drame en musique, déployé en trois parties, n’est plus qu’un très éloigné parent de «L’Orfeo» (1607), première pièce du compositeur, qu’on considère encore comme acte fondateur de l’opéra. Plus de trois décennies plus tard, Venise est devenue la patrie de l’art lyrique, avec la naissance d’un théâtre ouvert au public, payant et techniquement équipé pour permettre des mouvements scéniques relativement exigeants. Pour redécouvrir la puissance de l’ouvrage, l’héritage de l’art du madrigal qu’on retrouve dans ses voix d’ensemble, pour savourer la force expressive du «stile concitato», rien de mieux que de se tourner vers le Grand Théâtre. Dès le 28 février, on retrouve le héros d’Homère, dans une mise en scène du collectif belge FC Bergman. À la direction musicale, un grand spécialiste du répertoire baroque et de la Renaissance, le violoniste Fabio Biondi, avec son ensemble Europa Galante.

Des orques et des voix

Le compositeur Karlheinz Stockhausen

Le compositeur Karlheinz Stockhausen

ARCHIVE STOCKHAUSEN-STIFTUNG FÜR MUSIK.

Un jour de décembre, la genevoise Julie Semoroz a tenté le dialogue avec des orques. Micro spécial posé à hauteur de gorge, elle a vocalisé au beau milieu d’un fjord norvégien, à bord d’un petit bateau. Des scientifiques actifs dans la recherche sur les langages l’assistaient et poussaient la voix vers des fréquences percevables par les cétacés. Ce programme artistique et savant se laissera désormais observer aux 6 Toits (16-17 fév), citadelle des musiques où l’ensemble Contrechamps donne rendez-vous pour un concert étonnant. À l’œuvre de la Romande s’ajoute une pièce de Karlheinz Stockhausen, «Kontakte» (1958-1960), pour piano, percussion et bande. Enfin, en création, Matteo Gualandi présente «Sun songs, for a bird» pour voix et ensemble.  

Le rock en très grand

Le chef d’orchestre Bastien Stil.

Le chef d’orchestre Bastien Stil.

LYODOH KANEKO

L’Orchestre de la Suisse romande franchit pour la première fois le seuil d’Antigel pour y installer, en coproduction avec le festival, un projet ambitieux. Ce sera sous la voûte dorée du Victoria Hall, pour un concert (23 fév.) qui fera planer l’ombre épaisse de Led Zeppelin. Ce géant du rock trouvera le souffle puissant que confèrent les ensembles symphoniques: les chansons mises au programme ont été arrangées par une autre grande figure de la scène indépendante, Jaz Coleman, ancien membre de Killing Joke et collaborateur dans un passé éloigné du groupe londonien. Bastien Stil, lui, assurera la direction musicale de ce projet crossover alléchant. 

Beethoven entre de beaux doigts

Le pianiste français Jean-Efflam Bavouzet, invité par l’Orchestre de chambre de Genève.

Le pianiste français Jean-Efflam Bavouzet, invité par l’Orchestre de chambre de Genève.

PAUL MITCHELL

Depuis toujours, on relève la fluidité et la délicatesse de son toucher, son jeu à la fois sobre et élégant, et aussi la hauteur de vue qu’il impose à chacune de ses interprétations. Le pianiste Jean-Efflam Bavouzet compte parmi les grands musiciens de sa génération, ce qu’on constatera sans effort en écoutant par exemple ses albums, qui touchent à un certain répertoire français (Debussy, Ravel…), aux grands classiques que sont Haydn et Mozart, mais aussi au bien plus tardif Bartók, jusqu’à Stockhausen, en passant par les romantiques (Schumann, notamment). De passage au Victoria Hall, il se mesurera au «Concerto N°2» de Beethoven aux côtés de l’Orchestre de chambre de Genève, dirigé pour l’occasion par Gábor Takács-Nagy. Le programme est complété par la «Symphonie N°7» du même compositeur. 

Bach et son riche héritage

Le violoniste Frank Peter Zimmermann. 

Le violoniste Frank Peter Zimmermann. 

DR

La saison de Pourcent culturel Migros se poursuit au Victoria Hall avec un projet intrigant, qui nous mène au cœur de la famille Bach (27 fév.). Le génie du père, tout d’abord: de Johann Sebastian on écoutera quelques «Concertos pour violons et cordes». Des trois fils, à savoir Wilhelm Friedemann, Carl Philipp Emanuel et Johann Christian, des «Symphonies pour cordes». Et pour incarner ce répertoire qui mène du baroque jusqu’à la lisière du classique, des interprètes de choix que sont le violoniste Frank Peter Zimmermann et les Berliner Barock Solisten.  

Rocco Zacheo a rejoint la rédaction de la Tribune de Genève en 2013; il s'occupe de musique classique et d'opéra et se consacre, de manière ponctuelle, à l'actualité littéraire et à des événements culturels disparates. Auparavant, il a évolué pendant neuf ans au journal Le Temps et a collaboré avec la RTS La Première. Plus d'infos

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