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Lettre du jour: La Poste doit voir midi à sa porte

Lettre du jourLa Poste doit voir midi à sa porte

Courrier des lecteurs

Publié aujourd’hui à 08h33
Le conseiller fédéral Albert Rösti joue au facteur avec le directeur général de La Poste Roberto Cirillo.

Le conseiller fédéral Albert Rösti joue au facteur avec le directeur général de La Poste Roberto Cirillo.

DR

Chêne-Bougeries, 22 septembre

Roberto Cirillo, le patron de La Poste, voudrait que l’ordonnance relative à la loi sur La Poste soit changée afin que le géant jaune ne soit plus tenu de livrer les journaux avant 12 h 30 dans les régions sans distribution matinale. Il s’agirait pour la régie de réaliser des économies en combinant la délivrance des journaux avec celle des lettres et paquets.

Cette demande, qui consisterait à abroger la motion parlementaire Candinas du 30 septembre 2016 alors qu’elle vient à peine d’entrer en force, intervient dans le pire des calendriers.

Tout d’abord, plusieurs médias ont récemment annoncé leur volonté de biffer des postes par dizaines dans tout le pays: rendre les abonnements aux journaux papier moins attractifs du fait de leur livraison tardive tombe ainsi fort mal.

Par ailleurs, durant tout l’été, La Poste a fait les gros titres des journaux encore en vie en annonçant simultanément sa volonté de limiter certaines dépenses… alors qu’elle investissait quelque 70 millions dans une forêt en Allemagne au titre d’une politique environnementale largement qualifiée de «green washing» ou qu’elle organisait des fêtes jugées dispendieuses pour ses personnels…Pourtant, le plus grave est ailleurs, et notamment dans les arguments développés par Monsieur Cirillo. Ce dernier justifie toutes ses décisions par le fait que «La Poste doit vivre avec son temps», ajoutant que «l’heure à laquelle [La Poste] dépose les lettres et les journaux importe peu [aux particuliers]» au motif qu’«aujourd’hui, de nombreuses personnes ne sont plus à la maison à midi».

«Plusieurs médias ayant récemment annoncé leur volonté de biffer des postes par dizaines, rendre les abonnements aux journaux papier moins attractifs tombe fort mal.»

Ainsi l’homme qui entend «vivre avec son temps» semble ne pas avoir remarqué que notre pays, qui vieillit, compte un nombre de retraités qui va croissant tandis que les baby-boomers entrent en âge AVS et que ceux qui les y ont précédés vivent de plus en plus longtemps. Lorsqu’ils habitent encore chez eux, et particulièrement dans les zones rurales, ceux-là ne sont pas tous en vadrouille quand le clocher sonne midi. Pour certains, la journée ne commence même qu’avec la lecture de leur quotidien régional.

Pour anecdotique qu’il apparaisse peut-être aux yeux de certains, ce postulat du patron de La Poste n’en est pas moins emblématique de la difficulté qu’ont certains de nos contemporains, dans la force de l’âge, à intégrer dans leur conception du monde ce vieillissement de la population. Ceci n’est pas très rassurant à l’heure où ce phénomène place nos sociétés face à des défis majeurs. On espère que nos élus nationaux sauront veiller à ce que les économies de La Poste ne soient pas faites au détriment de cette part grandissante de la population dont Pro Senectute Suisse en général et Pro Senectute Genève en particulier défendent les intérêts et la dignité. Ni non plus au détriment de la presse écrite, dont les lecteurs n’ont pas tous adopté la déclinaison numérique.

Claude Howald, présidente de Pro Senectute Genève

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