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Lettre du jour: L’impérialisme des noms de rues

Lettre du jourL’impérialisme des noms de rues

 

Courrier des lecteurs

Publié aujourd’hui à 08h29

AZZURROMATTO/ENRICO GASTALDELLO

Genève, 24 mai

Nouvelle fournée de changements de noms de rues à Genève annoncée par le conseiller administratif de la Ville de Genève Alfonso Gomez! Cette opération vise à donner plus de visibilité aux femmes qui auraient marqué «de manière pérenne l'histoire de Genève». Mais, menée maladroitement ou sans respect de l'ordonnance fédérale sur les noms géographiques, celle-ci est contre-productive. Rappelons qu’à l’article 4 (al. 1) de l’ordonnance fédérale, il est indiqué: «Les noms géographiques sont faciles à lire et à écrire et bénéficient d’une large acceptation», et que notre règlement cantonal sur les noms géographiques et l’adressage des bâtiments (RNGNB) précise à l’article 13 (al. 4) que pour les noms de personnalités, celles-ci doivent être décédées depuis plus de dix ans.

Plusieurs propositions du Conseil administratif genevois ne remplissent pas ces critères! D’ailleurs, au vu des annonces faites par la Ville de Genève, nul doute que cette dernière agit avec une forme d’impérialisme non seulement en jugeant qu’il n’est pas nécessaire de respecter l’ordonnance fédérale ni notre règlement cantonal, mais plus encore, car elle s’empare de noms de femmes qui ont eu de très fortes attaches avec d’autres communes genevoises, dépossédant ainsi ces dernières de la possibilité de féminiser quelques-unes de leurs rues.

Ces changements de noms de rues doivent être menés avec parcimonie, car ils sont bien souvent une méconnaissance de l’histoire de Genève. Par ailleurs, ils horripilent de nombreux Genevois, car rebaptiser des rues ou des places n’est pas sans conséquence sur le plan administratif et sur la vie de la population qui perd ses repères de géolocalisation.

En revanche, la proposition de nommer l’actuelle place Charles-Sturm, où il n’y a pas d’immeuble, et qui laisse intact la rue Charles-Sturm, « Place Beatriz-Consuelo», du nom de la danseuse est tout à fait opportun, d’autant plus que cette place se trouve juste devant le Pavillon de la danse.

Cependant, vouloir débaptiser la «place des Alpes» pour la nommer «place Grisélidis-Real», est une faute de goût. Il existe suffisamment de lieux aux Pâquis pour accorder à cette dernière la place que certains veulent lui accorder, entre autres le square qui a été créé entre la rue de Berne (à la partie coupée à la circulation) et l’ancien Temple des Pâquis. Non seulement ce square n’a pas de nom, mais encore il est situé dans le quartier où vivait Grisélidis Réal.

Quant à bouter Harry Marc hors du pavé genevois, cela montre que l’actuel gouvernement de la Ville de Genève n’a plus guère d’attaches avec Genève!

Michèle Roullet, conseillère municipale en Ville de Genève

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