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La rédaction: Sur le vote à 16 ans, on frise bientôt l’acharnement

La rédactionSur le vote à 16 ans, on frise bientôt l’acharnement

Zurich s’ajoute à la longue liste des cantons qui ont refusé d’abaisser l’âge de la majorité civique. Et pourtant à Berne le débat continue. En vain?

On peut l’analyser sous tous les angles. Mais à Zurich le vote à 16 ans s’est pris une sacrée claque dans les urnes, dimanche. Voici une initiative soutenue avec enthousiasme par le gouvernement cantonal, le parlement, la majorité des partis, du centre à la gauche, et qui réussit à fédérer près de deux tiers des votants (64%) contre elle. Bravo, on frise l’exploit.

Ne cherchez pas de Röstigraben, de clivage ville-campagne ou de duel gauche-droite. Si l’on excepte Glaris, qui a accepté en 2007 cette «avancée» démocratique lors d’une Landsgemeinde afin de combattre l’exode des jeunes, le vote à 16 ans a fait des fours aux quatre coins du pays.

En Suisse romande, jusqu’ici seul Neuchâtel a effectué le test grandeur nature. C’était en 2020, et dans ce canton qualifié de progressiste la population a dit non à 59%. Au niveau du parlement, Jurassien et Vaudois aussi ont dit non.

Et ce n’est pas tout. Accrochez-vous. Les citoyens d’Uri ont dit non. Idem pour les législatifs de Lucerne, Zoug, Argovie, Soleure, Schaffhouse. Partout, c’est non ou nein. Les Bernois qui devraient bientôt voter sentent-ils déjà l’odeur du roussi? Les cantons de Genève et Valais auraient en tout cas tout intérêt à y réfléchir à deux fois avant d’aller plus loin, eux qui ont également des projets sur la table.

Pourtant, malgré des signaux évidents, il reste, sous la Coupole fédérale, une majorité d’élus qui pensent qu’il faut soumettre le vote à 16 ans à l’ensemble de la population. En mars dernier, une majorité du National repêchait le projet.

L’idée est d’en faire un débat de société, de rappeler que les jeunes apprennent à l’école comment fonctionne la démocratie vers 15-16 ans, mais qu’ils doivent attendre deux ans avant de pouvoir appliquer ce qu’ils ont appris. Introduire le vote à 16 ans permettrait aussi de lutter contre l’abstentionnisme, ce qui n’est pas attesté. À Glaris, une étude du Centre pour la démocratie d’Aarau a en effet montré que les jeunes de 16-17 ans restent malgré tout moins intéressés que les votants plus âgés et participent moins souvent à la vie politique.

On argumente aussi que les jeunes sont les premiers touchés par les décisions prises aujourd’hui, mais qu’ils ne peuvent pas les infléchir. Comme si cela n’avait pas toujours été le cas.

«La majorité est un tout et ne peut pas se faire au cas par cas.»

Certains osent même une comparaison avec le droit de vote des femmes pour justifier le fait qu’il est nécessaire de s’y prendre à plusieurs fois. À une différence près: il n’y a pas de milliers de jeunes dans la rue pour revendiquer ce droit.

Au milieu de tout cela, on oublie une simple question de bon sens. Avoir des droits s’accompagne de devoirs. La majorité est un tout et ne peut pas se faire au cas par cas.

Aujourd’hui, je me pose une question. Quel est le but de tout cela? Faire comprendre à la population qu’elle s’est trompée? Essayer d’avoir les citoyens à l’usure? Tout cela ressemble surtout à une forme d’acharnement.

Florent Quiquerez est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2015. Spécialisé en politique, il couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, il a travaillé comme correspondant parlementaire pour les Radios Régionales Romandes.

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