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Formation professionnelle: Anne Hiltpold veut renforcer la valeur travail chez les jeunes

Formation professionnelleAnne Hiltpold veut renforcer la valeur travail chez les jeunes

La nouvelle ministre genevoise de l’Instruction publique veut redorer l’image de l’apprentissage auprès des jeunes, mais aussi de leurs parents et des employeurs.

Anne Hiltpold, conseillère d’État chargée du DIP: «L’apprentissage permet d’apprendre un métier et de gagner sa vie. C’est aussi un tremplin pour suivre plus tard des études».

Anne Hiltpold, conseillère d’État chargée du DIP: «L’apprentissage permet d’apprendre un métier et de gagner sa vie. C’est aussi un tremplin pour suivre plus tard des études».

LAURENT GUIRAUD

La cérémonie de remise des diplômes de la formation professionnelle 2023 à Genève a lieu ce mardi soir à l'Arena. Au total, 3261 titres, dont 2788 CFC et 473 AFP (soit 197 de plus qu’en 2022), vont être décernés aux jeunes et aux adultes ayant réussi leur cursus cette année.

La célébration va se tenir en présence des autorités. La conseillère d’État Anne Hiltpold, la nouvelle présidente du Département de l’instruction publique (DIP), y assiste pour la première fois. Un événement important pour la magistrate qui entend mettre l’accent sur l’apprentissage au cours de sa mandature. Interview.

Vous souhaitez valoriser l’apprentissage, en particulier la filière duale. Comment?

Auprès des jeunes, il faut agir sur l’envie de travailler, la valeur travail et la valeur de l’apprentissage. Cette voie permet d’apprendre un métier et de gagner sa vie. C’est aussi un tremplin pour suivre plus tard des études, jusqu’au brevet fédéral.

S'agissant des parents, qui ont un rôle de prescripteur important auprès de leurs enfants, il faut leur expliquer et les convaincre que l’apprentissage n’est pas une voie par défaut par rapport aux études académiques. Cela commence par l’information, car on ne connaît pas encore suffisamment toutes les perspectives qu’offre la formation professionnelle.

Vous entendez aussi renforcer le lien entre l’école et le monde du travail. De quelle manière?

Concrètement, en favorisant chez les élèves du Cycle d’orientation (CO) les stages d’orientation en entreprise, pour leur permettre de découvrir les réalités d’un métier.

Inversement, il faut faciliter l’accès des entreprises au CO et permettre aux employeurs d’aller à la rencontre des jeunes pour leur présenter leurs métiers. Les entreprises sont les premières à en faire la demande. Je les en remercie.

Nous devons encore renforcer nos liens avec elles, être à l’écoute de leurs besoins pour les motiver à se lancer dans la formation professionnelle ou les soutenir pour continuer à le faire, car il manque encore des places d’apprentissage à Genève, même si la situation s’améliore. C’est important pour assurer la relève dans les métiers.

«Plusieurs membres de ma famille ont fait un apprentissage. C’est le cas de mon père, dans la menuiserie, et de mon beau-frère, dans la charpente.»

Anne Hiltpold, conseillère d’État, cheffe du DIP

Avez-vous suivi vous-même un apprentissage?

Non, j’ai fait une Maturité commerciale à l’école de commerce, car j’étais intéressée par l’économie.

En revanche, plusieurs membres de ma famille ont fait un apprentissage. C’est le cas de mon père, dans la menuiserie, et de mon beau-frère, dans la charpente.

La réforme de la formation pour les employés de commerces a suscité des critiques chez des enseignants avant la rentrée scolaire. Certains s’inquiétaient d’être «dans un flou complet» en matière pédagogique. D’autres critiquaient les nouveaux supports d’enseignement, en grande partie dématérialisés pour recourir au numérique. Quelle est la situation aujourd’hui?

Cette réforme est fédérale. Son entrée en vigueur s’est faite très rapidement. Il nous a fallu réagir vite. Les enseignants ont été sollicités et consultés.

Sur le plan pédagogique, les méthodes d’enseignement ayant changé, la formation des enseignants se poursuit. Actuellement (ndlr: lundi 11 septembre 2023, date de l’interview), sur 600 professionnels concernés au total, 220 sont déjà formés. Les autres le seront au cours des trois prochaines années.

Quant au plan matériel, des ordinateurs ont été prévus pour les élèves qui n’en ont pas.

Le défi des apprentis ou futurs apprentis migrants, ukrainiens par exemple, représente un autre dossier important. Comment le gérer?

Un dispositif spécifique est piloté par l’OFPC (ndlr: l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue) dans le but de faciliter l’entrée en apprentissage de ces jeunes.

Le cas des réfugiés ukrainiens est particulier, en raison du problème de la langue. Mais ils sont peu nombreux à être entrés en formation professionnelle lors de cette rentrée: seuls 5 ont entamé un apprentissage commercial.

Réformer le Cycle d'orientation

Après l’échec de CO22, la conseillère d’État Anne Hiltpold, chargée du Département de l’instruction publique (DIP), souhaite présenter rapidement une réforme du Cycle d’orientation (CO), en concertation avec les partenaires. Mais quand? Et quelles pourraient en être les grandes lignes?

«Cela fait partie de mes priorités pour cette législature. Mais il est encore trop tôt pour répondre concrètement», explique la magistrate.

Pour rappel, le 15 mai 2022, les électeurs genevois ont rejeté de justesse (50,83%) le projet destiné à créer des classes mixtes avec des niveaux différents dans certaines disciplines seulement. Il prévoyait que les élèves devaient rester dans la même classe, quel que soit leur niveau, en bénéficiant du même enseignement, mais en étant évalués de manière différenciée. Le sujet était sensible. Parents et enseignants étaient divisés sur la question.

Aujourd’hui, pour Anne Hiltpold, une chose est sûre: «Il faut améliorer l’orientation des jeunes. S’assurer que ceux-ci sortent du CO avec des compétences suffisantes pour pouvoir poursuivre à l’école de culture générale ou entreprendre un apprentissage. Et renforcer la prise en charge des élèves en difficulté pour réduire le nombre de jeunes en décrochage scolaire».

Fabrice Breithaupt est journaliste et secrétaire de rédaction. Il s’occupe des questions transfrontalières franco-suisses, mais aussi d'immobilier, d’emploi et de formation. Il est journaliste RP depuis 1995 (radio, puis presse écrite).Plus d'infos

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