Finances publiquesLe Canton présente un budget sur le fil
Le projet de budget 2024, déficitaire de 249 millions, flirte avec le «petit équilibre». En attendant de possibles nouvelles baisses d'impôts.
La cheffe du Département des finances, Valérie Dittli.
ARC
Le projet de budget de 2024, présenté ce lundi, «renforce son soutien au pouvoir d'achat dans un contexte instable», selon le titre du communiqué de presse. L'exercice précédent soutenait «le pouvoir d'achat» dans «un contexte inflationniste et incertain». Difficile de contredire la conseillère d’État, Valérie Dittli, lorsqu'elle affirme que «ce projet de budget s'inscrit dans la continuité». En tout cas, du point de vue de la com.
Dans le détail, le millésime 2024 affiche un déficit de fonctionnement de 249 millions (-230 millions en 2023). Juste au-dessus (+300'000 francs) de la barre du petit équilibre. Autrement dit la limite à ne pas franchir aux bouclements de comptes sous peine de déclencher le douloureux mécanisme du frein à l'endettement.
Pour arriver à ce résultat ric-rac, l'État a construit son projet de budget à partir d'un total de charges brutes de 11,6 milliards, soit un demi-milliard de plus qu'en 2023 (+4,9%).
Indexation des salaires
Avec le renchérissement du coût de la vie, l'État prévoit 109 millions pour l'indexation des salaires de l'Administration (+1,6), mais aussi 44 millions pour compenser la hausse des prix qui touche également le Canton. Hors des effets de l'inflation, la croissance des charges et plus faible qu'en 2023 (+2,9% contre +3,1%).
«Ce petit équilibre est construit avec des fonds propres à hauteur de 388 millions pour financer des charges pérennes, rappelle la cheffe du Département des finances. C'est donc un budget extrêmement fragile.»
Des recettes fiscales moins sous-évaluées?
Du côté des rentrées d'argent, l'État table sur des revenus bruts de 11,38 milliards, dont 6,54 milliards (+3%) de recettes fiscales. «Elles ont été évaluées de manière plus optimiste que les années précédentes», assure Valérie Dittli. Autrement dit, elles ont été moins sous-évaluées que par le passé.
Ce projet de budget inclut la baisse fiscale de 3,5% proposée la semaine dernière par le Conseil d’État. «C'était intense, mais on a su et dû intégrer cette baisse dans le budget», indique la conseillère d’État.
«Les recettes fiscales ont été évaluées de manière plus optimiste que les années précédentes.»
Valérie Dittli, cheffe du Département vaudois des finances
Bizarrerie du calendrier, mardi (lire l'encadré), le Grand Conseil doit se prononcer sur cette proposition de baisses d'impôts. Plusieurs amendements sont sur la table, d'autres sont dans les tiroirs. Pour résumer, les députés n'ont pas encore décidé quel sera le montant des recettes fiscales dans le budget 2024. «Le Conseil d’État propose, après c'est la responsabilité du parlement», martèle Valérie Dittli.
Réactions des partis
Au-delà de la masse de chiffres, ce projet de budget peut être interprété de bien des manières. Et les formations politiques ne s'en privent pas, avec leur lecture partisane.
Pour les minoritaires du PS: «Le Conseil d’État cède aux sirènes de milieux patronaux dogmatiques. Faisant de la baisse d’impôts sur le revenu et sur la fortune sa priorité, le Conseil d’État à majorité bourgeoise se détourne des attentes de la majorité de la population.»
Dans le camp bourgeois, justement, le PLR estime que «la volonté du Conseil d’État va dans le bon sens et doit être concrétisée». Les baisses fiscales sont «bienvenues», mais l'augmentation des charges est «inquiétante».
«Davantage de fonctionnaires, mieux payés, en période de crise… Est-ce bien réaliste?»
L’UDC Vaud
Autre son de cloche à la droite du PLR. «Davantage de fonctionnaires, mieux payés, en période de crise… Est-ce bien réaliste? En n’assumant pas une politique authentiquement de droite, l’État de Vaud met la santé financière future du canton en péril», écrit l'UDC, en omettant la majuscule à Canton.
Sinon, malgré le déficit budgétaire, la dette de l’État de Vaud passe de 700 à 600 millions.
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