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Exposition à Genève: Comment sortir des migrantes de l’ombre

Exposition à GenèveComment sortir des migrantes de l’ombre

Des portraits et des récits de femmes provenant du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont investi, depuis début juin, la rue du Mont-Blanc.

L’exposition est intitulée «Des frontières et des femmes» et a été créée par l’Association pour la promotion des droits humains (APDH). Ici, sa fondatrice et directrice Badia El Koutit.

L’exposition est intitulée «Des frontières et des femmes» et a été créée par l’Association pour la promotion des droits humains (APDH). Ici, sa fondatrice et directrice Badia El Koutit.

LAURENT GUIRAUD

Vous les aurez peut-être déjà vus en sortant de la galerie marchande de la gare Cornavin. Des portraits et des récits de femmes provenant du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont investi, depuis le début du mois, la rue du Mont-Blanc. Par le biais de treize panneaux, l’exposition «Des frontières et des femmes» – soutenue par la Ville de Genève, le Canton, les Services industriels et la Commune de Vernier – met l’accent sur des parcours de migration difficiles et émouvants.

«Elles ont quitté des pays où la démocratie et les droits de l’homme sont embryonnaires, voire inexistants. Elles ont fui le chaos, la guerre, la violence, ou se sont mises en quête d’une vie meilleure. Elles ont raconté leur histoire souvent douloureuse, toujours complexe», rapporte le directeur du projet Histoires de Genève, Sacha Millet. De ces échanges, et en partenariat avec l’Association pour la promotion des droits humains (APDH), sont nés dix récits à la première personne qui s’offrent au lecteur sans grille de lecture, sans intermédiaire.

«Un long combat»

Objectif de l’événement: rendre visibles des femmes souvent invisibles, qui ont mis parfois beaucoup de temps avant d’oser sortir de leur domicile et de partir à la découverte de Genève. «L’intégration est un long combat, non seulement avec soi-même et sa culture d’origine, mais aussi avec les préjugés et les stéréotypes qui circulent en Occident sur les migrantes et les migrants», souligne Badia El Koutit, fondatrice et directrice de l’APDH. D’où la nécessité d’écouter ces personnes, recommande cette Marocaine d’origine: «Leurs récits sont à la fois touchants et passionnants. Derrière les statistiques et les analyses géopolitiques se cachent des êtres humains qui contribuent à forger l’histoire de Genève.» 

Cette exposition en plein air ambitionne aussi de mieux faire connaître l’APDH, l’importance de son engagement et de ses activités en faveur de la société genevoise. Sont ainsi également proposées des images du photographe de la «Tribune de Genève», Laurent Guiraud, qui capturent les diverses activités de cette association pour la promotion des droits humains.

«Il n’est plus question de s’imaginer le vécu de la catégorie abstraite et réductrice de «la femme migrante», mais d’être confronté à toutes les complexités de la vie d’une personne à part entière.»

Badia El Koutit, fondatrice et directrice de l’Association pour la promotion des droits humains (APDH)

Il s’agit enfin de participer à renforcer notre cohésion sociale, en faisant circuler des récits de vie, et ici plus spécifiquement ceux de femmes migrantes. Les frontières que sont les préjugés et les stéréotypes, qui existent dans notre société sur la femme migrante orientale, constituent un obstacle évident au vivre ensemble, considère Badia El Koutit: «C’est là une frontière qu’il nous incombe à nous de dépasser. Cette exposition propose un chemin simple mais puissant: favoriser notre empathie, notre capacité à se mettre à la place de l’autre, un élément essentiel de notre cohésion.»

C’est là que les récits à la première personne prennent tout leur sens. Ils nous donnent l’occasion d’entendre la voix des participantes, comme si elles s’adressaient à nous directement, estiment les deux organisateurs: «Il n’est plus question de s’imaginer le vécu de la catégorie abstraite et réductrice de «la femme migrante», mais d’être confronté à toutes les complexités de la vie d’une personne à part entière. Et nous faisons le vœu qu’au milieu du silence de l’écoute, l’empathie s’éveillera et avec, l’inspiration de faire autrement.»

Laurence Bézaguet travaille à la Tribune de Genève depuis 1995. A démarré sa carrière au Courrier avant de collaborer six ans au feu quotidien La Suisse. A aussi été journaliste indépendante durant dix-huit mois au Canada et rédigé un livre sur la Traversée de la rade, paru en 1996, avec l'ancien conseiller d'Etat David Hiler. Plus d'infos

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