Carte blancheÉcoutons la Méditerranée
Le Liban est à l'honneur de la 4e édition de Lausanne Méditerranées à laquelle s'associe le Théâtre de Vidy.
Vincent Baudriller
Publié aujourd’hui à 08h26Toutes les fenêtres du Théâtre de Vidy, comme les belles vues panoramiques qu’offrent la ville de Lausanne ou les vignes de Lavaux, regardent vers le lac et le sud. Cette orientation vers le soleil rend la vie et le vin d’ici bien agréables, avec une atmosphère presque méditerranéenne.
La vue s’arrête à la barrière que constituent les Alpes françaises, qui semblent nous protéger de l’agitation du monde. Pourtant, le Rhône nous relie directement à la Méditerranée. L’eau de la plage de Vidy n’a que 600 km à parcourir pour rejoindre la mer. C’est le trajet qu’a réalisé à contre-courant la photographe Yohanne Lamoulère pour raconter ce fleuve et celles et ceux qui l’habitent dans son exposition «Les enfants du fleuve», actuellement au Théâtre de Vidy.
«Ce voyage est aussi celui que nous proposons aux artistes du bassin méditerranéen pour nous faire entendre ce que ces régions et cette mer ont à nous dire sur notre histoire, notre époque et notre futur.»
Ce voyage est aussi celui que nous proposons aux artistes du bassin méditerranéen pour nous rejoindre à Lausanne cette saison et nous faire entendre ce que ces régions et cette mer ont à nous dire sur notre histoire, notre époque et notre futur.
Parmi ces artistes, celles et ceux du Liban, invités au Festival Lausanne Méditerranées début octobre. Ils nous partageront des paroles fortes de ce pays qui connaît depuis des années des crises sociales et politiques majeures malgré la diversité et la richesse de sa culture.
Il me semble important d’inviter ces récits en Europe, continent qui a sa responsabilité historique dans les crises actuelles de nombre de pays et peuples de ces régions, comme nous l’a rappelé le 100e anniversaire du Traité de Lausanne.
La Méditerranée est aussi une victime majeure de la crise écologique et climatique actuelle: elle souffre d’une pollution chronique due aux déchets rejetés dans ses fleuves et sur ses rivages, et elle subit des catastrophes climatiques de plus en plus violentes provoquées notamment par le réchauffement de ses eaux.
En témoigne la dernière tempête qui l’a traversée d’est en ouest pour finir par les dramatiques inondations qui ont englouti une partie de la ville de Derna en Libye, faisant de milliers de victimes.
Ce réchauffement climatique et l’extension des zones d’habitations de plus en plus invivables au sud et à l’est du bassin méditerranéen obligent de très nombreuses personnes à trouver d’autres endroits pour vivre, notamment vers le nord.
La fermeture des frontières et des voies d’accès sécurisées poussent beaucoup d’entre elles à risquer la traversée par la mer. Le 3 octobre marquera le 10e anniversaire du drame de Lampedusa, qui a vu une embarcation de 500 personnes faire naufrage. Et cette semaine, l’ONU vient d’annoncer avoir comptabilisé, depuis le début de l’année, 2500 hommes, femmes et enfants morts ou disparus en Méditerranée, soit une augmentation de près de 50% par rapport à la même période en 2022.
Nouvelle création
Aujourd’hui, seules quelques ONG se battent pour sauver des vies en mer, comme SOS Méditerranée, que nous accueillerons le 12 décembre à Vidy pour une soirée de soutien.
«Au milieu des terres», étymologie première de «Méditerranée», est le titre de la nouvelle création de la compagnie GDRA. Le spectacle qui sera présenté cet automne à Vidy donne la parole à cette mer avec de la musique, des chants, de la danse et des textes. Notamment ceux de l’anthropologue lausannois d’origine tunisienne Mondher Kilani, qui s’adresse à elle avec ces mots : tu es Passage, Frontière, Continuité, Dissémination…
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