L'éditorial – Loi sur l'énergie: ce n'est qu'un début
Comment répartir les efforts de la décarbonation de notre société? C'est l'enjeu posé par le duel opposant le Grand Conseil et le Conseil d’État.
Le Conseil d’État vient de refuser de promulguer la loi sur l’énergie modifiée jeudi par le Grand Conseil. La dernière fois qu’un épisode semblable s’était produit, c’était en 2020: il s’agissait de bloquer un «texte présentant de sérieux problèmes de conformité avec le droit supérieur». Aujourd’hui, l’argument est un peu différent, plus politique. Chacun jugera si la «bombe atomique» constitutionnelle employée par le gouvernement l'a été à bon escient ou pas.
Quoi qu’il en soit, cette décision permet au Conseil d’État de surseoir à l’appel au peuple. Car à l’issue du vote du parlement, les fronts étaient dessinés: face à une droite majoritaire comme jamais et n’hésitant pas à utiliser sa force, la gauche et l’Asloca annonçaient le lancement d’un référendum. Après celui sur la propriété par étages dans le périmètre du PAV lancé en mai, un nouveau front allait s’ouvrir sur le terrain du logement. La décision du Conseil d’État retarde cet affrontement. Et c’est tant mieux si un accord intelligent est finalement trouvé!
Mais il ne faut pas rêver. Quel que soit le domaine, nous ne sommes qu’au début d’une longue série d’affrontements entre les groupes sociaux. La décarbonation de nos sociétés, indispensable pour limiter les bouleversements climatiques, ne fait que commencer et elle impose déjà des révisions difficiles. C'est qu'on ne change pas sans mal un développement fondé sur l’exploitation de matériaux fossiles depuis le milieu du XIXe.
Veut-on y arriver? Jusqu’où aller? Quel rythme suivre? Comment seront répartis les efforts? Qui payera le coût du changement, comme celui de l’immobilisme? Telles sont les questions très concrètes qui arrivent sur la table et que les citoyens n'ont pas fini d'arbitrer.
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