Le projet de pavillons scolaires provisoires à Chantemerle fait jaser. La Municipalité vient de changer d’avis. Trop cher.
Publié aujourd’hui à 08h35

Christophe Monnin habite juste au-dessus du terrain de sport de Chantemerle.
Florian Cella/24 heures
Juste au-dessus du collège de Chantemerle, dans un quartier résidentiel du nord de Pully, se trouve un terrain de sport apprécié des habitants pour ses équipements de basket, foot, athlétisme et fitness urbain. Si l’on en croit la mise à l’enquête qui court jusqu’au 18 janvier, c’est ici que la Ville a prévu d’implanter deux blocs scolaires provisoires pour faire face aux besoins, et ce dès la rentrée prochaine. Des riverains s’indignent.
«Un manque de vision politique.»
Parmi eux, Christophe Monnin, qui nous dit sur place que le site est très fréquenté par des sportifs de tous âges. «Au niveau des nuisances, je ne pense pas qu’on puisse choisir un lieu plus inadéquat que ce quartier résidentiel», ajoute-t-il. Le Pulliéran désigne la route étroite qui mène au terrain de sport, route qui dessert les garages des immeubles voisins. «Ce chemin d’accès est réputé dangereux; il y a un manque de visibilité. Qu’en sera-t-il quand 200 élèves le monteront et le descendront quatre fois par jour?»

Le terrain de sport de Chantemerle, à Pully.
Florian Cella/24 heures
Il dénonce «un manque de consultation et de transparence» vis-à-vis des riverains; un «projet monté à la va-vite».
Ce que le Pulliéran et les 200 signataires de la pétition «Sauvons le terrain de sport» ne savent pas encore, c’est qu’ils n’auront guère à se battre. Joint par téléphone, le syndic Gil Reichen nous indique que la Municipalité a changé d’avis depuis la mise à l’enquête du 16 décembre. En cause: le coût des blocs scolaires provisoires prévus sur les deux sites de Chamblandes et Chantemerle, estimé à 14 millions. Une somme jugée trop élevée pour Pully, dont les finances sont dans le rouge (déficit de 17 millions prévu en 2021). «Ce n’était pas possible, réagit Gil Reichen. On a donc décidé, tout début janvier, de se concentrer dans un premier temps sur le site de Chamblandes en y construisant le bâtiment scolaire provisoire en une seule étape.»

La route d’accès. À côté de l’église: l’établissement scolaire de Chantemerle.
Florian Cella/24 heures
Rien de prévu du côté de Chantemerle, donc, pour la rentrée 2021. La mise à l’enquête n’est plus actualité. «À ce stade des réflexions, on envisage plutôt de remplacer les constructions provisoires par une extension définitive du collège (ndlr: sur le terrain juste en face), dit le syndic. Et si vraiment des constructions provisoires étaient nécessaires, on verra si on peut trouver une autre implantation afin de préserver le terrain de sport.»
La charrue avant les bœufs
Une Municipalité qui change d’avis une quinzaine de jours après une mise à l’enquête, ce n’est pas fréquent. Dans ce dossier, Pully a mis la charrue avant les bœufs. «Le timing était très serré, se défend Gil Reichen, qui rappelle les besoins scolaires urgents. La mise à l’enquête est partie très vite, en même temps que les réflexions se poursuivaient.»
Le problème du manque de place dans les collèges pulliérans demeure, à Chamblandes comme à Chantemerle. Un préavis pour le bâtiment scolaire provisoire de Chantemerle sera soumis au vote du Conseil communal début février. Budget: 5 millions pour un édifice sur trois niveaux qui se situera sur l’actuel terrain de sport engazonné.
Le temps presse: il faut disposer de plus de places pour les élèves à la rentrée de 2021. Le nouveau collège de Pully n’est pas prévu avant 2026 – il s’agit de l’extension du complexe scolaire principal de l’avenue des Collèges, qui fera l’objet d’un concours d’architecture cette année - et les infrastructures actuelles ne permettent pas de faire face à l’augmentation des élèves. Christophe Monnin déplore «un manque de vision politique. À la suite de la construction du nouveau quartier des Boverattes, la Municipalité n’a pas anticipé les besoins en bâtiments scolaires pour accueillir de nouveaux élèves.»