Pascal Gaspoz, chef des guides-sauveteurs à la Maison du sauvetage FXB, Air-Glaciers (VS)
Aline Staub/Keystone
Vous multipliez les appels à la prudence et pourtant le week-end dernier a été noir. Vous prêchez dans le désert?
Je pense qu’il y a vraiment un manque de respect et d’égard pour la nature. Les gens ne connaissent pas le milieu dans lequel ils s’aventurent et ne prennent même pas le temps de le connaître. Lundi, tous les plus mauvais facteurs étaient réunis. Pourtant ils arrivent suréquipés, mais ils ne préparent pas leur sortie. Agissent-ils de la même façon pour n’importe quelle autre activité? Ces jeunes ont la vie devant eux et, pour une fraction de seconde de bêtise, ils fichent tout en l’air.
N’est-ce pas franchement désespérant?
On fait notre métier et on sera toujours là pour aider les gens. Mais même avec le meilleur système de sauvetage du monde on ne peut pas faire de miracle. Lundi, on était à côté de l’hélicoptère, prêts à décoller, quand l’avalanche de Nendaz est arrivée. On était sur place en dix minutes et on n’a pas réussi à sauver la victime. Les gens doivent en être conscients.
Il y a des applications comme White Risk qui sont ludiques, des cours de formation. Pourquoi la prévention ne fonctionne-t-elle pas?
Cela fait des années que je plaide pour uniformiser la prévention au moins au niveau cantonal, et au-delà si possible. Peut-être aussi que la manière de communiquer ne touche pas les bonnes personnes. Je pense qu’il ne faut pas sous-estimer non plus le rôle du Covid: les jeunes se sentent bridés et, sur les pistes, ils veulent s’affranchir des limites qu’on leur mettrait encore. Ce qui me désole, c’est que pour n’importe quelle autre activité qui causerait autant de victimes, on en ferait davantage en matière de prévention, d’autant que ce sont exactement les mêmes types d’accidents qui se reproduisent d’année en année.