Poste prestigieuxAmin Maalouf prend la tête de l’Académie française
L'écrivain franco libanais a été élu jeudi secrétaire perpétuel de l'institution, chargée de défendre et promouvoir la langue française.
Publié aujourd’hui à 17h07

Amin Maalouf est déjà très impliqué dans les activités de l’institution, où il a été élu en 2011.
FRANCOIS GUILLOT/AFP
L’écrivain franco libanais Amin Maalouf, 74 ans, a été élu jeudi sans grande surprise secrétaire perpétuel de l’Académie française. Il l’a emporté face à son ami Jean-Christophe Rufin.
Vingt-quatre voix se sont portées sur sa candidature, contre huit pour son concurrent, a fait savoir à l’AFP un membre de la commission administrative de l’Académie française.
Le secrétaire perpétuel est le membre qui dirige cette institution chargée de défendre et promouvoir la langue française. Il n’y a eu que 32 personnes pour occuper ce poste depuis 1635.
Il était vacant depuis le décès en août d’Hélène Carrère d’Encausse, qui l’occupait depuis 1999. Elle n’a pas à proprement parler désigné de dauphin. Mais Amin Maalouf, Prix Goncourt 1993 pour «Le Rocher de Tanios», paraissait son successeur le plus naturel.
Concurrents et amis
Sa personnalité fait l’unanimité, il est très impliqué dans les activités de l’institution où il a été élu en 2011. «Vous êtes (...) un homme d’une exquise politesse et qui manifeste en toute occasion beaucoup d’égards pour ceux à qui il s’adresse», louait un certain Jean-Christophe Ruffin, lors de sa réception à l’Académie, en 2012.
Car ce rival à l’élection est un ami. L’ancien diplomate de 71 ans, lui aussi ancien Prix Goncourt (en 2001 pour «Rouge Brésil»), a été élu académicien en 2008. Il était ravi d’accueillir un homme dont il disait: «J’ai parfois l’impression que nos rêves ont fait de nous plus que des amis. Des frères».
Ce second candidat a beaucoup hésité. Il a même laissé croire qu’il avait renoncé, avant de se lancer. Jean-Christophe Rufin trouvait frustrant qu’une institution qui se targue d’être de plus en plus moderne passe à côté de cet exercice de démocratie. «C’est la Corée du Nord», avait-il regretté.
Un symbole pour la francophonie
Le scrutin a eu lieu à huis clos, lors de la séance de rentrée de l’Académie. «C’est un excellent choix, (...) un immense écrivain, un homme de fraternité, de dialogue, d’apaisement», a salué la ministre française de la Culture, Rima Abdul Malak, elle aussi Franco Libanaise. Elle a souligné qu’il s’agissait d’un «magnifique symbole pour tous les francophones du monde».
Le nouveau secrétaire perpétuel est délesté dans l’immédiat d’une tâche à laquelle Hélène Carrère d’Encausse a consacré beaucoup d’énergie: achever la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie. C’est quasi-fait.
Rénover la Coupole
Deux autres questions pressantes l’occuperont. D’abord les finances. L’Académie française, tout comme les autres branches de l’Institut de France, est dans une situation financière délicate, elle qui vit du produit de ses actifs financiers et de dons et legs.
En 2021, la Cour des comptes exhortait à rapidement rénover la Coupole, quai de Conti à Paris, face au risque d’incendie. Cela reste à faire. La tentative du chancelier de l’Institut, Xavier Darcos, pour que les Académies perdent en autonomie ce qu’elles gagneraient en cohérence de gestion, a fait long feu, face à l’hostilité d’Hélène Carrère d’Encausse.
Attractivité
Ensuite, l’attractivité. Rajeunir et féminiser la «Compagnie», actuellement composée de 28 hommes et sept femmes, est un objectif de longue date, très difficile à atteindre cependant.
Comme le savait l’ancien secrétaire perpétuel (qui tenait au masculin), «l’habit vert», à revêtir tous les jeudis, attire les retraités, très peu les actifs.
Les sièges à pourvoir ne manquent pas: il y en a cinq aujourd’hui. Mais quand des candidats moins âgés se présentent, rien n’assure leur élection. Ainsi, Frédéric Beigbeder ou Benoît Duteurtre ont-ils été recalés en 2022, à respectivement 57 et 62 ans.
ATS
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