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Marché du disque compact: Le classique résiste, par habitude

Marché du disque compactLe classique résiste, par habitude

Les mélomanes comme les artistes apprécient encore le support physique, mais pour combien de temps?

Premier artiste à avoir enregistré sur CD, Herbert von Karajan est le pionnier et le héros incontestable du support digital en musique classique.

Premier artiste à avoir enregistré sur CD, Herbert von Karajan est le pionnier et le héros incontestable du support digital en musique classique.

AFP

Volontiers collectionneur fier de sa discothèque, bien équipé en lecteur et en enceintes, l’amateur de classique est réputé pour être plus attaché au support physique que d’autres publics. Les amoureux de Haendel ou Verdi apprécient aussi d’avoir des pochettes richement documentées, avec notamment les livrets complets des opéras. Ils ont longtemps payé le prix fort pour cela. La vente de disques des artistes à l’issue des concerts constitue encore une pratique courante, appréciée autant des auditeurs que des artistes. Les séances de dédicaces sur les disques font encore partie du rituel.

«Il est évident qu’un CD reste avant tout une carte de visite pour un musicien.»

Wilson Hermanto, chef d’orchestre basé à Lausanne

Ces caractéristiques se sont vérifiées à travers une résistance remarquable des ventes de disques compacts dans ce marché de niche, malgré de fortes variations d’un pays à l’autre, liées à des habitudes de consommation et à la disparition plus ou moins rapide des surfaces de vente. La France, l’Allemagne et le Japon sont en tête de la résistance du disque physique, alors que les États-Unis, l’Europe du Sud et la Corée ont déjà clairement basculé sur les plateformes en ligne. En Suisse, selon l’éditeur Claves, basé à Prilly, à partir de 2015, le revenu des ventes de disques est passé en dessous de la barre des 50% des ventes globales, alors qu’en France il représentait encore 65% des ventes en 2021. Pour combien de temps encore?

La meilleure carte de visite

Plusieurs solistes romands, comme Christian Chamorel, Rachel Kolly ou Beatrice Berrut, persévèrent dans la production d’enregistrements discographiques sous forme de CD, car il reste un élément essentiel de leur promotion. Même si c’est à leurs propres frais et à perte, cela rapporte quand même davantage que les revenus du streaming. «Il est évident qu’un disque reste avant tout une carte de visite pour un musicien, témoigne Wilson Hermanto, chef d’orchestre basé à Lausanne et qui dirige dans le monde entier. La visibilité est renforcée si on est publié par un label prestigieux, mais la qualité peut être tout aussi bonne sur des labels indépendants.»

La solution la plus «rentable» pour les maisons de disques spécialisées consiste, semble-t-il, à miser sur les deux tableaux, à l’image du label zurichois Prospero: soigner le disque et la pochette, transformant ainsi le disque en petit livre élégant et original; diffuser sur les plateformes en ligne des titres extraits de ces albums, calibrés pour les listes d’écoute.

Matthieu Chenal est journaliste à la rubrique culturelle depuis 1996. Il chronique en particulier l'actualité foisonnante de la musique classique dans le canton de Vaud et en Suisse romande.Plus d'infos

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