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Lettre du jour: Ce qui s’est vraiment passé le 1er juin 1814

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Lettre du jourCe qui s’est vraiment passé le 1er juin 1814

  

Courrier des lecteurs

Publié aujourd’hui à 15h22

Genève, 31 mai

En ce 1er juin, que célèbre-t-on? Car non, cette date n’est pas celle de l’entrée de Genève dans la Confédération suisse comme on le lit et l’entend trop souvent! Rappel des faits. En décembre 1813, lorsque sonna l’heure de la restauration de la République, Genève se retrouva isolée au sein d’une Europe en pleine recomposition. Ce fut, pour les Genevois, l’heure des choix: l’indépendance dans l’isolement? Réponse: non! Les responsables politiques de la République restaurée estimèrent que «pour rester Genevois, il faut devenir Suisse». La Diète décide alors d’envoyer à Genève deux contingents militaires, l’un de Soleure, l’autre de Fribourg, afin de marquer symboliquement la bienveillance des cantons suisses envers Genève et, soit dit en passant, d’en renforcer la modeste garnison.

Mis sur pied pour le 24 mai, à Fribourg, le détachement fribourgeois va se mettre en route le matin du 26 mai. Le lieutenant-colonel Louis Girard est désigné par la Diète pour commander l’ensemble de la troupe suisse envoyée à Genève. Ce contingent passe la nuit du 26 mai à Payerne, le 27 elle est à Moudon, les 28 et 29 à Lausanne, le 30 à Rolle, le 31 à Nyon où elle est rejointe par le contingent soleurois. Le 1er juin 1814, au Port du Traînant à Cologny, l’actuel Port Noir, ces militaires débarquent dans une atmosphère festive. Ainsi que l’a rappelé avec amusement le regretté Jean-Claude Mayor dans un texte publié à l’occasion du 175e anniversaire de l’entrée de Genève dans la Confédération: «On fit semblant d’ignorer qu’il y avait un peu de malice de la part de la Diète, dans le choix de soldats des deux cantons catholiques. Manière de nous faire comprendre que notre confédéralité devrait impliquer une certaine tolérance.»

À la suite de ce débarquement la situation politique évolue assez rapidement avec le vote de la Diète fédérale du 12 septembre 1814 et le traité d’adhésion de Genève à la Suisse du 19 mai 1815. Cette période est aussi marquée par l’intense activité diplomatique conduite de 1815 à 1816 par les négociateurs genevois Pictet de Rochemont, d’Ivernois et Eynard, négociations qui vont donner au nouveau canton ses frontières actuelles non sans l’amer regret pour nos diplomates de ne pas avoir obtenu les territoires allant de la Valserine au Rhône et au Fier. Devenir Suisse…, que voilà une relation qui n’aura rien d’un long fleuve tranquille! 

Claude Bonard

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