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La rédaction: Un petit pas pour la Suisse, un premier pas pour le climat

La rédactionUn petit pas pour la Suisse, un premier pas pour le climat

Avec 2 milliards de francs destinés au remplacement des chauffages polluants, la loi soumise à votation le 18 juin répond à un besoin concret.

Patrick Monay
Publié aujourd’hui à 06h34

Vous avez peut-être été stupéfaits, comme moi, par un tous-ménages distribué ces derniers jours. Signé d’un «comité pour le sauvetage de la place industrielle suisse», il dénonce la loi sur le climat et l’innovation soumise à votation le 18 juin prochain. On y lit des propos alarmistes: il sera impossible de conduire une voiture à moins d’être riche et des milliers d’emplois seront perdus en Suisse.

Plus loin, les auteurs de ce tract remettent carrément en cause la nécessité d’agir: «Le réchauffement progressif qui se produit depuis environ 200 ans après une période froide de 500 ans favorise la croissance des plantes et la production de nourriture. Il ne constitue pas du tout une menace». Autrement dit, le climat vit sa vie, laissons faire la nature, ne changeons rien à nos habitudes et à notre approvisionnement en énergie. N’écoutez surtout pas les scientifiques et les médias, ils vous cachent la vérité!

Heureusement, la campagne en cours met aux prises des arguments bien plus solides. Les opposants posent notamment une question légitime: si la Suisse tourne le dos aux énergies fossiles après avoir mis ses centrales nucléaires au rebut, comment assurera-t-elle ses besoins croissants en énergie de chauffage et en électricité?

Cette incertitude explique en grande partie pourquoi, deux ans après l’échec de la loi sur le CO2 dans les urnes, le résultat s’annonce à nouveau très serré. La crise climatique qui s’aggrave au niveau mondial produit des effets de plus en plus évidents en Suisse: il n’y a plus que quelques hurluberlus climatosceptiques pour le nier. Pourtant, les mesures que prennent le Conseil fédéral et le parlement pour y faire face - et respecter nos engagements internationaux - peinent à convaincre.

«Opter pour un système de chauffage moins polluant s’avère efficace et rentable, surtout si l’on peut assainir l’enveloppe du bâtiment en parallèle.»

La peur de la facture finale va-t-elle l’emporter, comme en 2021? Espérons que non. Car cette loi, expurgée de taxes forcément impopulaires, a le mérite d’apporter une solution concrète à une part non négligeable du problème. Deux milliards de francs sur dix ans pour aider les propriétaires à remplacer leur chauffage à mazout, au gaz ou électrique. Et 1,2 milliard pour soutenir les entreprises qui investissent dans des technologies innovantes.

Il en faudra davantage

Ce n’est pas rien. Aujourd’hui, l’aspect financier empêche des dizaines de milliers de gens de franchir le pas. Or le chauffage des bâtiments représente 40% de la consommation totale d’énergie en Suisse et génère près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. Opter pour un système moins polluant s’avère efficace et rentable, surtout si l’on peut assainir l’enveloppe du bâtiment en parallèle.

Bien sûr, il en faudra davantage pour atteindre l’ambitieux objectif fixé, soit la neutralité carbone en 2050. Doper les énergies renouvelables prendra du temps. Le Conseil fédéral le reconnaît, lui qui a déjà esquissé d’autres mesures incitatives dans les lois sur le CO2 et sur l’énergie. Mais ce texte, fruit d’un compromis très helvétique, constitue un premier pas dans la bonne direction.

Patrick Monay est rédacteur en chef adjoint de la rédaction Tamedia. Il dirige la rubrique Suisse depuis 2018, après y avoir couvert l'actualité des cantons romands dès 2012. Né et domicilié en Valais, il est entré en l'an 2000 à la rédaction locale de 24heures, où il a travaillé sur la Riviera et dans le Chablais.Plus d'infos@PatrickMonay

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