La gestion administrative et politique de la pandémie par les autorités fédérales est sous le feu de la critique. Face aux incertitudes de son développement, mais aussi de sa dangerosité, les groupes influents s’essaient aux pressions.
Une partie des autorités cantonales avaient exigé et obtenu qu’elles puissent gérer elles-mêmes les mesures pour leur territoire. On se souvient de la fronde alémanique dénonçant le positionnement jugé autoritaire du Conseil fédéral. Une certaine gabegie et un chaos plus tard, l’ensemble des cantons se sont faits à l’idée de décisions uniformes, non sans un baroud d’honneur des cantons romands.
À en croire les sondages, l’opinion publique serait divisée sur les mesures à prendre face à la contagion. Les sceptiques, auxquels s’ajoutent les fatalistes, mais aussi une partie des responsables économiques, sociaux et politiques se prononcent contre des mesures qui selon eux entravent l’économie mais aussi les libertés individuelles.
«Les incertitudes du savoir devraient inciter à la modestie et à l’écoute.»
Les milieux de la santé, une grande partie des scientifiques et probablement la majorité de la classe politique soutiennent l’action gouvernementale, non sans interrogations. Pour eux, la responsabilité collective nécessite des mesures fortes pour enrayer la pandémie.
Quelle que soit son opinion, l’absence de connaissances claires et précises sur le virus devrait pourtant inciter à la prudence et encourager le questionnement. Les incertitudes du savoir devraient inciter à la modestie et à l’écoute.
Il faut malheureusement constater que ce n’est pas l’attitude dominante. Au contraire, ces dernières semaines, le débat s’est durci et les arguments tendent à se faire péremptoires.
Société à l’épreuve
Par le passé, face aux épidémies, les populations avaient adapté leurs stratégies de défense. Pourquoi le Covid-19 met-il pareillement nos sociétés à l’épreuve? La vitesse de la contagion, son extension pandémique n’expliquent pas tout. Il faut admettre que nous nous étions bercés d’illusions quant à nos capacités de réponse, à la solidité de notre savoir. La maladie nous laisse désemparés, alors que certains acquis de civilisation sont mis en péril, comme l’allongement constant de l’espérance de vie.
En plein désarroi, les uns préconisent l’ignorance de la menace, alors que pour d’autres, au contraire, le danger est important. La crise actuelle montre la faiblesse de notre système démocratique, soumis au feu et à la puissance des groupes de pression. Mais elle souligne aussi sa force, car malgré la valse des hésitations, chacun se soumet finalement aux décisions.
La crise actuelle aura au moins révélé au grand jour, pour ceux qui l’ignoraient, la complexité des décisions politiques en démocratie, exposées au flux constant des pressions des plus puissants groupes de notre société.
René Knüsel observe les comportements contradictoires face à la pandémie.
OpinionRené Knüsel
Publié aujourd’hui à 06h25