Début janvier, un sondage en ligne de la «Tribune de Genève» et «24 heures» montrait qu’un lecteur sur quatre affirmait qu’il ne se fera pas vacciner contre le Covid-19. Ce pourcentage colle à la proportion de Suisses qui, en général, se disent hésitants face à la vaccination.
Pour l’heure, les soucis des autorités se concentrent plus sur l’offre – garantir l’approvisionnement des flacons et organiser la logistique – que sur la demande, laquelle ne manque pas auprès des aînés. Dans les mois à venir pourtant, la question de la demande pourrait se faire plus brûlante: dans quelle mesure les populations plus jeunes, en bonne santé, seront prêtes à se faire vacciner? Déjà, entre fortement convaincus, hésitants et francs récalcitrants, la discussion occupe les dîners de famille. Et le décalage n’est pas toujours générationnel.
Silencieuse, l’hésitation vaccinale a été classée par l’OMS comme l’une des dix plus grandes menaces sanitaires mondiales. Cette alerte fait référence au risque de voir ressurgir des maladies qu’on croyait éradiquées par manque de responsabilité collective à se faire vacciner. Dans le contexte de la crise du Covid-19, la question se pose un peu différemment puisqu’on ne sait pas encore si le vaccin empêche aussi la transmission. Mais on perçoit déjà derrière le débat sur «se faire piquer ou pas» des risques de polarisation: d’un côté, la tentation hygiéniste d’opposer les bons vaccinés aux mauvais récalcitrants pour donner aux premiers des privilèges; de l’autre, chez les antivaccins, la mise en opposition des moutons obéissant aux résistants éclairés, sans argumentation solide.
C’est un fait: les nouveaux vaccins à ARN messager suscitent maintes questions, ils font parfois peur, comme par le passé les avancées médicales ont effrayé la population. «Inutile de faire de ces craintes, parfaitement normales, un tabou», nous dit un vaccinologue. Il est probable que le nombre d’indécis va baisser au fur et à mesure qu’avancera la campagne de vaccination. Mais laissons à chacun le soin de faire son choix, sans s’écharper aux repas de famille.
OpinionCathy Macherel
Publié aujourd’hui à 06h38