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Figure de l’art contemporain: Blair Thurman expose à la galerie Xippas

Figure de l’art contemporainBlair Thurman expose à la galerie Xippas

L’artiste américain, personnalité majeure de l’abstractionnisme, nous emmène sur ses circuits et dans son génial univers.

Carole Kittner

Publié aujourd’hui à 11h06
Blair Thurman devant son Kiosk 2 (Sunset Boulevard/My Business Card (two facets) /Alumina- tion/The 3 Chocolateers), néon monté pour l’exposition chez Xippas Genève.

Blair Thurman devant son Kiosk 2 (Sunset Boulevard/My Business Card (two facets) /Alumina-
tion/The 3 Chocolateers), néon monté pour l’exposition chez Xippas Genève.

NICOLAS RIGHETTI/DR

Casquette Winchester de couleur orange criarde vissée sur la tête, Blair Thurman se fraie un passage dans le deuxième espace de la galerie Xippas, rue du Vieux Billard. Il vient lancer une boutade à John Armleder, son ami de toujours. Les deux se chambrent et rient à gorge déployée. Il faut dire que mardi 10 mai, à l’heure du cocktail du pré-vernissage de l’exposition «Grenadine Dreams», le quartier des Bains reprenait de sa superbe d’autrefois. Et pour cause: Mister Thurman was in the house. Le maestro des peintures pluridimensionnelles à la croisée du Pop Art et de la culture populaire vernaculaire des États-Unis, nous raconte pourquoi et surtout comment.

«J’avais très envie de revenir à Genève et sur les conseils de Vincent Pécoil (ndlr. Directeur du FRAC Normandie et auteur d’un ouvrage sur Thurman) j’ai regardé de plus près ce que faisait la galerie Xippas. J’ai été impressionné par le groupe d’artistes qu’ils représentent et j’ai décidé d’écrire une longue tartine à Renos Xippas (ndlr. fondateur et propriétaire des galeries éponymes). Je lui ai dit qu’à 61 ans, j’avais envie de faire un show sérieux! Mais, honnêtement, je pensais qu’il ne me répondrait jamais.» Et pourtant, les deux ont commencé à s’appeler très régulièrement pour échanger sur le monde de l’art et sur tout en général, peu avares de mots qu’ils sont l’un comme l’autre.

«L’exposition s’est montée en quelques mois, de manière très fluide et facile», raconte encore Pierre Geneston, le directeur de Xippas Genève. Et lorsque l’on demande à Blair Thuman pourquoi son exposition s’intitule «Grenadine Dreams», il fait tomber ses lunettes de soleil noires, nous fixe de ses pupilles bleu clair et répond: «On aurait aussi pu l’appeler Get your Rhône hotel room.» Sûrement car sa femme et lui adorent loger à l’hôtel des Tourelles qui donne sur le Rhône, justement. Mais la référence est empreinte de nostalgie et c’est aussi un clin d’œil à la rue des Vieux-Grenadiers dans laquelle se trouve le Mamco.

Souvenir d’enfant

La quasi-totalité des œuvres de Blair Thurman sont inspirées de son enfance, de films des années 1970 qu’il dévorait avec son père ou de ces marchés aux puces où ils aiment chiner avec Lara Ferb, son épouse et son assistante. C’est d’ailleurs ainsi qu’est née l’idée du kiosque à néons. «Lorsque je travaillais pour Nam June Paik, il nous faisait souvent descendre à Miami où il avait une maison. Et le soleil était si fort qu’à chaque fois, je me rachetais une paire de lunettes. Celles-ci étaient posées sur des présentoirs jaunes assez cheap.» Les deux kiosques présentés rue du Vieux Billard sont des répliques de ces fameux présentoirs en bois, en taille géante. Les trois installations de néons ont d’ailleurs été créées de toutes pièces pour Xippas Genève.

Seize œuvres en tout, réparties dans deux espaces, sont à découvrir jusqu’au 25 juin. Des kiosques aux néons en forme de nœuds qui rappellent ceux posés au sol au même endroit, dans la galerie Evergreen 12 ans plus tôt, mais aussi les croisillons proches de l’infini chers à son travail. Sur Kiosk 2, des volutes de fumées font de l’œil aux Trois Mousquetaires, appelés The 3 Chocolateers par l’artiste, et au fond chocolat qui disparaît presque sous les références à l’abeille des publicités Dodge fonçant à toute allure.

Circuit de voitures

Les peintures de Thurman sont des structures en bois sur lesquelles il vient coller sa toile. On retrouve les circuits de voitures en forme de huit ou plutôt d’infini, mais aussi sa fameuse carte de visite dont le modèle est souvent reproduit. «J’aime quand c’est brut, lorsque l’on voit les coups de pinceaux.» C’est sûrement pour cela que son Thin Man, un circuit aux couleurs de l’arc-en-ciel passées, est travaillé sur une base de gris. Pour l’artiste américain, rien ne doit être trop léché même si tout devrait aussi sembler sans effort.

Plus loin, trône la Skull Island. Encore un circuit arc-en-ciel mais dessinant en son cœur comme une chauve-souris égarée ou l’œil d’un crâne. Steven Parrino, son ami proche et un artiste dont le travail l’a beaucoup influencé, disait de Blair qu’il était fétichiste des années 1960. C’est peut-être de là que vient Memorex (The Kool), cette immense lettre K en forme de circuit labyrinthique aux tonalités grises et noires, référence à la marque de cigarettes mythique Kool. Pas étonnant qu’avant même le vernissage, trois œuvres aient déjà été vendues. À voir absolutely!

Jusqu’au 25 juin à la galerie Xippas.

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