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Faune genevoise: Un symposium international pour le plus petit rongeur d’Europe

Faune genevoiseUn symposium international pour le plus petit rongeur d’Europe

À Lullier, des spécialistes européens vont échanger leurs connaissances sur la souris des laîches, un micromammifère récemment réintroduit à Genève.

À Genève, la souris des laîches fait l’objet d’un programme de réintroduction lancé en 2021. Ici un individu relâché avec ses congénères dans les marais de Sionnet, le 9 août 2022.

À Genève, la souris des laîches fait l’objet d’un programme de réintroduction lancé en 2021. Ici un individu relâché avec ses congénères dans les marais de Sionnet, le 9 août 2022.

MAGALI GIRARDIN

Sans faire de bruit, la minuscule souris des laîches fait son nid à Genève. Le plus petit rongeur d’Europe – une poignée de centimètres pour un poids d’à peine 7 grammes – va même faire l’objet d’un symposium international. Il se tiendra les 12 et 13 septembre au Centre de formation professionnelle nature et environnement de Lullier.

Enjeu pour les scientifiques: enrichir les connaissances sur ce micromammifère bien présent dans le monde, mais menacé dans plusieurs régions, dont le bassin genevois.

«À Genève, on a la chance d’avoir recréé des milieux favorables au développement de la souris des laîches.»

Jacques Gilliéron, biologiste

«C’est une petite espèce, peut-être un peu confidentielle, mais des gens se passionnent pour elle dans le monde entier», relève le biologiste Jacques Gilliéron, qui se penche depuis des années sur cet animal que l’on appelle aussi rat des moissons. Ce spécialiste est l’instigateur, avec Fabrice Darinot, conservateur de la réserve nationale du marais de Lavours (Ain), de ce symposium qui réunira des experts suisses, français, anglais, russes, allemands, slovaques ou encore lituaniens.

À Lullier, on échangera notamment sur l’habitat des souris des laîches, les caractéristiques de leurs nids, leurs mœurs et traits cognitifs, les méthodes de capture et les différentes mesures de réintroduction dont elles font l’objet. «Par exemple, deux programmes de réintroduction ont été lancés récemment en Grande-Bretagne», indique Jacques Gilliéron.

Réintroduit sur deux sites

À Genève aussi, depuis 2021, Micromys minutus (le nom scientifique de la souris des laîches), qui avait totalement disparu du canton, fait l’objet d’un tel programme. «Il est appuyé par le Service de la biodiversité de l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature et chapeauté par l’association Faune Genève», tient à souligner le biologiste. C’est ce dernier qui a élaboré le plan d’action et dirigé les réintroductions.

Cet animal-là est minuscule et ne pèse pas plus de 7 grammes.

Cet animal-là est minuscule et ne pèse pas plus de 7 grammes.

MAGALI GIRARDIN

Le symposium permettra à Jacques Gilliéron d’échanger avec d’autres spécialistes sur ce vaste «repeuplement» mené sur deux sites, les marais de Sionnet au bord de la Seymaz et les Prés-de-Villette, du côté de Gy. «À Genève, on a la chance d’avoir recréé des milieux favorables au développement de la souris des laîches», explique-t-il.

Ces habitats, ce sont les grandes prairies marécageuses où poussent notamment des carex, appelés aussi laîches. Des plantes à longue tige pourvues de feuilles parfois coupantes et souvent utilisées par le micromammifère pour construire son nid. Depuis trois ans, par le biais de lâchers successifs, Jacques Gilliéron et ses équipes ont réintroduit sur le canton près de 800 souris des laîches, après les avoir capturées du côté des marais de Lavours, près de Culoz.

Des habitats à préserver

«Le programme touche maintenant à sa fin et laissera place à un protocole de suivi de l’espèce, révèle le naturaliste. Mais on constate déjà qu’une partie au moins des individus ont passé l’hiver et qu’ils se reproduisent.»

Le rat des moissons serait-il en train de s’installer pour de bon? «On saura dans trois ou quatre ans si cela a vraiment fonctionné, s’il s’est installé durablement avec une tendance stable ou à la hausse», précise Jacques Gilliéron. Qui espère qu’à terme, «il deviendra ce que l’on appelle une espèce parapluie, ou porte-drapeau, représentative d’un milieu important aussi bien pour la faune que la flore: les prairies marécageuses. qui méritent d’être sauvegardées, restaurées et même recréées.»

La souris des laîches construit son nid en hauteur le long des laîches, des plantes à feuilles souvent coupantes. justement.

La souris des laîches construit son nid en hauteur le long des laîches, des plantes à feuilles souvent coupantes. justement.

MAGALI GIRARDIN

Xavier Lafargue est journaliste professionnel depuis 1985. Après quinze ans passés dans des rubriques sportives, il a opté pour l'information locale. Il travaille depuis 2008 au sein de la rubrique genevoise de la Tribune de Genève, rubrique qu'il a dirigée durant six ans avant de revenir à l'écriture.Plus d'infos

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