Switzerland
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Drôle et seul en scène: Vincent Dedienne: «Entre larmes et rire, ce n’est qu’une histoire de mélodie»

Drôle et seul en scèneVincent Dedienne: «Entre larmes et rire, ce n’est qu’une histoire de mélodie»

L’attachant humoriste français débarque en Suisse romande pour deux soirées et un nouveau spectacle que la rumeur dit formidable. Petite causerie apéritive.

Vincent Dedienne, seul (et couché) en scène.

Vincent Dedienne, seul (et couché) en scène.

JEAN-LOUIS FERNANDEZ

Chouette, revoilà Dedienne. Vincent Dedienne, le Mâconnais à l’humour si vache, si fin, si poétique. On avait aimé son premier seul en scène autobiographique, «S’il se passe quelque chose», vu au Théâtre du Léman il y a quatre ans. Adoré ses chroniques sur France Inter et ses impayables revues de presse au «Quotidien» de Yann Barthès. On le sait aussi brillant sous les feux de la rampe et devant la caméra. Il revient avec un nouveau spectacle sous nos rivages lémaniques, à Vevey puis à Genève. Cela méritait un coup de fil. Il est en tournée, sur l’autoroute, «quelque part entre Bourg-lès-Valence et Saint-Étienne». Il y a des tunnels, sans doute: ça coupe; ça recoupe. Propos hachés mais cordiaux.

Votre dernier éclat de rire, c’était quand et pourquoi?

 Là, en entendant votre question… Je crois que c’était la reprise de «Que je t’aime» de Johnny par Vincent Delerm à la cérémonie d’inauguration du Festival de Cannes. Il a fait chanter toute la salle. Incroyable.

Que faut-il attendre de votre nouveau spectacle?

Une bonne soirée, des rires, enfin j’espère. Il s’appelle «Un soir de gala». Il s’agit d’une galerie de personnages, entièrement imaginés ou inspirés de gens réels. L’époque favorise l’angoisse, le narcissisme, la folie, le besoin de commenter tout et n’importe quoi. Je me défoule un peu, en me moquant de certains comportements caricaturaux ou pénibles typiquement contemporains.

On vient de jeter un œil sur votre tournée: elle est interminable!

C’est vrai qu’elle est longue! On roule beaucoup. La plupart des artistes redoutent la vie sur la route. Moi, j’aime ça. J’adore les rencontres fugaces avec le public, les techniciens, les organisateurs. C’est si agréable de se promener, de changer tous les soirs d’ambiance. On boit plein de vin blanc et rouge. On habite dans sa valise. C’est l’exact opposé de la vie de bureau. Et puis les voyages ne forment-ils pas la jeunesse?

«Un soir de gala», galerie de personnages drolatiques.

«Un soir de gala», galerie de personnages drolatiques.

JEAN-LOUIS FERNANDEZ

Vous débarquez en Suisse. Nous aimez-vous?

J’ai souvent joué chez vous, avec, au début, un peu d’inquiétude. Ce qui marche en France ne fonctionne pas nécessairement ailleurs. Mais j’ai toujours été bien accueilli. Alors oui, j’aime beaucoup le public suisse. Et je ne dis pas ça parce que c’est vous.

«J’aime beaucoup le public suisse. Et je ne dis pas ça parce que c’est vous.»

Vincent Dedienne

Ce qui colle assez bien avec l’âme helvète, c’est cette dose de mélancolie qui se cache toujours dans vos gags.

Le meilleur des humours pince toujours un peu le cœur. Entre larmes et rire, ce n’est qu’une histoire de mélodie. On rit souvent de choses qui pourraient provoquer des sanglots. Oui, j’aime quand les deux sont liés.

De la mélancolie, et aussi une constante nostalgie de l’enfance. Tiens, vous vous voyez comment dans vingt ans?

Dans vingt ans? Quelle horreur! J’aurai 55 ans. Je serai probablement un gars de 55 ans qui fait des blagues de gars de 55 ans. Vous me filez un peu le cafard, là…

Le seul acolyte de Dedienne en scène: un piano.

Le seul acolyte de Dedienne en scène: un piano.

JEAN-LOUIS FERNANDEZ

Vous verrez, ce n’est pas si dramatique, la cinquantaine. À part ça, que vous ont inspiré les récentes élections françaises?

Pas grand-chose. On était en tournée en même temps que tous les candidats en campagne. On se croisait de ville en ville. Notez qu’ils ont bien moins d’endurance que moi: ils sont rentrés chez eux et moi je suis toujours sur la route.

Et la crise sanitaire, elle vous a fait quoi?

Disons que tout cela a été passablement paralysant. J’ai écrit le spectacle durant le premier confinement. Je n’en dis d’ailleurs pas un mot dedans. Le Covid a envahi nos vies et toutes conversations. Évitons d’en rajouter une louche.

Nous sommes beaucoup à pleurer votre revue de presse dans «Quotidien».

 C’était vraiment une récréation. Je l’écrivais avec deux amies comédiennes. On s’amusait bien. Les chroniques, c’est bien. Mais il ne faut pas trop s’y installer. On devient vite routinier. D’ailleurs, on parle encore parfois de moi comme d’un «chroniqueur», ça m’agace un peu. Je suis passé à autre chose.  

On va vous revoir sur les écrans?

Il y a un film qui sortira en juillet, «I Love Greece», l’histoire d’un couple en crise dans une Grèce en crise. Et une série sur Disney+ cet automne, «Mauvaise pioche», avec François Damiens, une paire de bras cassés pris dans un engrenage criminel.

Mais vous travaillez comme un diable!

Disons que, quand je travaille, je travaille à fond. Mais je suis également assez fort pour les vacances. Je fais des puzzles, je regarde mon chien, je bois l’apéro. Cela n’a l’air de rien. Mais il faut avoir un vrai talent pour le farniente.

Qu’est-ce qui vous endort?

 Pour trouver le sommeil, j’écoute des podcasts, «Affaires sensibles» ou «Les grosses têtes». Le silence m’angoisse.

«Un soir de gala», Vincent Dedienne.
Vevey, Le Reflet: mercredi 25 à 20 h. Loc: www.lereflet.ch.
Genève, Théâtre du Léman: mardi 2 juin dès 19 h 30. Loc. Ticket Corner.

Jérôme Estèbe dirige la rubrique culturelle et le supplément du week-end. Il couvre, en particulier, les sujets gastronomiques et œnologiques. Il est titulaire du prix du journalisme local de la Berner Zeitung millésime 2002.

Plus d'infos

Vous avez trouvé une erreur? Merci de nous la signaler.