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Affaire Dawes: Prison ferme et interdiction d’exercer requises contre deux avocats

Affaire DawesPrison ferme et interdiction d’exercer requises contre deux avocats

Les deux pénalistes, Xavier Nogueras et Joseph Cohen-Sabban, sont soupçonnés d’avoir produit de faux documents pour innocenter un narcotrafiquant britannique.

Publié aujourd’hui à 21h36

Ce dessin judiciaire réalisé le 21 décembre 2018 montre l’accusé Briton Robert Dawes et le coaccusé Nathan Wheat au Palais de justice de Paris le 21 décembre 2018 (image d’archives).

Ce dessin judiciaire réalisé le 21 décembre 2018 montre l’accusé Briton Robert Dawes et le coaccusé Nathan Wheat au Palais de justice de Paris le 21 décembre 2018 (image d’archives).

AFP/Benoit PEYRUCQ

Des peines de prison ferme et l’interdiction d’exercer leur métier ont été requises jeudi à l’encontre de deux avocats, soupçonnés d’avoir produit de faux documents pour innocenter leur client, le narcotrafiquant britannique Robert Dawes.

Pénalistes chevronnés, Xavier Nogueras, 42 ans, et Joseph Cohen-Sabban, 69 ans, sont jugés devant le Tribunal correctionnel de Paris pour «complicité de tentative d’escroquerie au jugement» et «violation du secret professionnel».

Le parquet a réclamé 2 ans de prison, dont un an avec sursis, contre Xavier Nogueras et une peine de 3 ans de prison, dont un an avec sursis, contre Joseph Cohen-Sabban.

Les procureurs Eric Serfass et Julien Goldszlagier ont également demandé une interdiction professionnelle de 5 ans pour les deux avocats.

Comme sonné par ces réquisitions, Xavier Nogueras s’est pris la tête entre les mains à la fin des réquisitions. Si le tribunal suit leurs réquisitions, les procureurs ont précisé que cette interdiction d’exercer le métier d’avocat devait être effective immédiatement.

Dans la salle d’audience, pleine d’avocats venus soutenir leurs deux collègues, de nombreux conseils ne cachaient pas leur incompréhension, voire leur colère.

À l’encontre du Britannique Robert Dawes, poursuivi pour «faux en écriture publique» et «tentative d’escroquerie au jugement», le parquet a demandé 5 ans de prison.

Le parquet a réclamé 3 ans d’emprisonnement contre son ami Evan Hughes, jugé en son absence pour les mêmes chefs que Dawes. Le parquet a également demandé qu’un mandat d’arrêt soit émis à son encontre. La dernière adresse connue de M. Hughes se trouvait en Espagne.

«Les réquisitions de peine seront sévères», avait prévenu au début de son réquisitoire le procureur de la République Eric Serfass tout en soulignant que «ce procès n’est pas le procès d’un supposé antagonisme entre avocats et magistrats».

Dans leurs réquisitions à deux voix, Eric Serfass et Julien Goldszlagier ont demandé au tribunal de déclarer les quatre prévenus coupables de tous les chefs d’accusation qui pèsent sur eux.

«Au service de leur client, les avocats ont mis de côté leur déontologie pour vicier un arrêt de la cour d’assises», a pointé M. Serfass.

Seul prévenu dans le box vitré – il a été condamné définitivement en appel à 22 ans de réclusion criminelle et est constamment sous la stricte surveillance de quatre policiers armés et encagoulés – leur ancien client, Robert Dawes, 50 ans dans quelques jours, n’a pas réagi aux réquisitions du parquet mais son avocat, Me Thomas Bidnic a dénoncé des demandes «ignobles».

«Imprudence gravissime»

L’affaire débute à la Cour d’assises spéciale de Paris, en décembre 2018. Robert Dawes – qui nie farouchement être un narcotrafiquant – est jugé pour avoir importé 1,3 tonne de cocaïne en 2013 à bord d’un vol Air France reliant Caracas à Paris, une saisie d’un montant alors estimé à 50 millions d’euros.

À l’ouverture des débats, ses avocats produisent une supposée ordonnance espagnole présentant comme illégale une écoute téléphonique capitale pour l’accusation, dans laquelle Robert Dawes revendique (»par provocation", dit-il aujourd’hui) la paternité de la drogue.

Joseph Cohen-Sabban et Xavier Nogueras, qui défendent alors M. Dawes avec Hugues Vigier – non poursuivi devant le tribunal correctionnel -, pilonnent la procédure et réclament le renvoi du procès.

La cour se renseigne auprès de la justice espagnole et écarte ces écrits qui se révèlent être des «faux».

Quelques semaines après le procès, une information judiciaire est ouverte sur ces soupçons de falsifications: elle aboutira en février 2022 au renvoi des quatre hommes devant le tribunal.

Même s’il n’est pas établi que les avocats savaient que les documents étaient falsifiés, ils ont «sciemment accepté de renoncer à (leur) indépendance», a dit Julien Goldszlagier dans son réquisitoire.

Les avocats assurent avoir été trompés.

«J’ai fait preuve d’un laxisme absolu, affligeant, et d’une imprudence gravissime. On a tous été bernés», a dit Xavier Nogueras à l’audience.

«J’ai été piégé et ce n’est pas un titre de gloire», a reconnu Joseph Cohen-Sabban, vieux briscard du barreau, l’homme aux «1.000 procès d’assises», habitué des affaires de grand banditisme.

Leurs avocats auront la parole lundi et mardi.

AFP

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